Michel Ciment

Critique éclairant

 


Posté le 17.10.2018 à 17h30


 

 

« Le monde de la critique c’est éclaircir l’obscur et non l’inverse ». Il s’estime un peu dépassé par les jeunes, nés avec des images et donc plus aptes à les comprendre, parfois. Une humilité superflue sûrement pour le critique légendaire de Positif, qui se livre cette semaine sur son métier, dans le cadre de cinq workshops thématiques. Quelles sont les vertus cardinales du critique Monsieur Ciment ?

 

Michel Ciment Photo Sabine Perrin
© Institut Lumière / Sabine Perrin - Jean-luc Mège photography

 

 

Informer
« L’article doit informer. C’est le b.a.-ba, il me semble aberrant de prendre quelqu’un qui ne connaît pas le cinéma, sous prétexte d’un œil frais, pour écrire des critiques. »


Analyser
« La nécessité d’une culture générale. J’ai toujours été réfractaire aux gens qui pensent qu’avec une clé on peut ouvrir toutes les boites. Je pense qu’il n’y a pas qu’une grille de lecture. »


Le style
« La critique est aussi un exercice littéraire. Robert Benayoun (Positif) sur Resnais ou Woody Allen, c’était magistral. Roger Tailleur sur Kazan, Antonioni… Il n’avait que le certificat d’études et pourtant, c’est un grand écrivain du cinéma. Truffaut était un grand styliste, Bazin aussi. On ne peut pas séparer l’écriture de ce que l’on transmet. » 


La passion / la curiosité
« J’ai 80 ans et je crois que la passion, c’est le grand moteur. Déjà, à Positif personne n’est payé, donc il faut une certaine passion. Il faut l’avoir pour découvrir tous ces premiers films dans les festivals, pour trouver l’oiseau rare. »


La hiérarchie de jugement
« Je suis frappé par l’aplatissement de tout pour des raisons commerciales, de lectorat. La hiérarchie oblige à affiner ses critères, ses goûts. La vie est un choix permanent, et il faut faire des choix. On vit trop sous le règne de l’égalitarisme. » 


Le coup d’œil
« Ce qu’on appelle en peinture le coup d’œil. Un critique, c’est aussi ça. Pierre Rissient, c’était ça. Il voyait 20 minutes d’un film étudiant de Jane Campion et il était capable de dire : c’est une cinéaste. Truffaut avait le coup d’œil, il a découvert Howard Hawks. »

 


Charlotte Pavard

 

Catégories : Lecture Zen