Billetterie

Entr’acte

de René Clair , France , 1924

Une danseuse barbue (Inge Frïss). Une partie d’échecs (entre Man Ray et Marcel Duchamp) troublée par un jet d’eau. Un chasseur tyrolien (Jean Börlin) tué par son auteur (Francis Picabia). Un corbillard traîné par un chameau. La chute du prestidigitateur (Jean Börlin) qui escamote tous les personnages avant de s’escamoter lui-même.

entracte_600x400

 

Entr'acte est une commande de Rolf de Maré, directeur du Théâtre des Champs-Élysées, conçue pour servir d'intermède entre les deux parties de Relâche, "ballet instantanéiste en deux actes, un entr'acte cinématographique et la queue du chien", écrit par Francis Picabia sur une musique d'Érik Satie, présenté en décembre 1924.

Pas de scénario pour ce court métrage, sinon une lettre de Picabia donnant à René Clair quelques idées de réalisation, que le jeune cinéaste développera dans un découpage largement modifié au cours du tournage.

Cette fantaisie, qui représente les dernières étincelles du dadaïsme, réunit un bel éventail d'une certaine création parisienne du moment, peintres (Man Ray, Marcel Duchamp, Louis Touchagues), musiciens (Georges Auric, Erik Satie, Darius Milhaud), écrivains et critiques (Georges Charensol, Pierre Scize, Marcel Achard - même si, selon quelques historiens, il ne s'agirait que d'un homonyme), danseurs (Jean Börlin), avec Picabia pour orchestrer le tout.

Les séquences s'enchaînent avec l'illogisme de règle chez Dada - on joue aux échecs sur le toit du théâtre, on tire au canon sur les spectateurs, une ballerine barbue est filmée en contre-plongée à travers une plaque de verre, le chameau qui tire un corbillard s'emballe et le cadavre sorti du cercueil est un magicien qui fait disparaître le cortège avant de crever l'écran où s'inscrivait le mot "Fin". C'est un film-farce, une blague à la fois sérieuse et potache, comme les aimait Picabia. « Entr’acte ne croit pas à grand-chose, au plaisir de la vie peut-être ; il croit au plaisir d’inventer. Il ne respecte rien si ce n’est le désir d’éclater de rire, car rire, penser, travailler ont une même valeur et sont indispensables l’un à l’autre… » (Francis Picabia, La Danse, n° spécial sur les Ballets suédois)

Quant à René Clair, il conçoit alors le cinéma comme un art en devenir : « Au nom de quoi jugerez-vous, esprits délicats, le réjouissant chaos d’images qui menace le monde d’une mesure nouvelle ? Patientez. Dans Entr’acte, l’image « détournée de son devoir de signifier » naît « à une existence concrète ». Rien ne me semble plus respectueux de l’avenir du film que ces balbutiements visuels dont il a réglé l’harmonie. » (René Clair, La Danse, art.cit.)

Entr’acte
France, 1924, 23 min, noir et blanc, format 1.33  
Réalisation : René Clair
Scénario : René Clair, Francis Picabia
Photo : Jimmy Berliet
Montage : René Clair
Production : Rolf de Maré 
Interprètes : Man Ray, Marcel Duchamp (les joueurs d’échec), Inge Frïss (la ballerine), Francis Picabia et Erik Satie (les deux hommes sur les toits de Paris), Jean Börlin (le chasseur au chapeau tyrolien et le prestidigitateur), Georges Auric, Georges Charensol, Marcel Achard, Pierre Scize, Louis Touchagues, Rolf de Maré, Roger Le Bon, Jean Mamy (dans le cortège de l’enterrement)  
Première projection au Théâtre des Champs-Élysées : 4 décembre 1924 

Restauration 4K à L’Immagine Ritrovata par la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé en 2018 d’après le négatif image nitrate issu de ses collections et une copie nitrate remise par René Clair à la Fondazione Cineteca Italiana, avec le soutien du CNC – Archives françaises du film.

 

 

Séances
Icone Billet 17ACHAT lu 15 à 12h - Institut Lumière
En présence de Sophie Seydoux 

 

Ce site nécessite l'utilisation d'un navigateur internet plus récent. Merci de mettre à jour votre navigateur Internet Explorer vers une version plus récente ou de télécharger Mozilla Firefox. :
http://www.mozilla.org/fr/firefox