Winchester 73

Le scénario de Winchester 73, dont on dit qu’il aurait intéressé Fritz Lang, revient à Anthony Mann en 1950, ouvrant une série de westerns avec James Stewart, Les Affameurs (1952), L'Appât (1953), Je suis un aventurier (1954) et pour clôturer le cycle L'Homme de la plaine (1955).

La Winchester 73 du titre, objet iconique et maléfique, est un personnage à part entière qui, fil rouge de l’histoire, passe de main en main, tuant tous ceux qui la touchent, avant de revenir à son propriétaire : Lin McAdam. Ce dernier est un justicier humain et droit, possédé par une légitime soif de vengeance.

Anthony Mann inaugure une réflexion sur la violence, la vengeance et l’impossibilité du pardon. L’histoire de la haine sans merci entre deux frères, tels Abel et Caïn, met en lumière un nouveau type de héros, complexe et torturé, bien différent de ceux de Ford ou de Hawks, qu’incarne habilement James Stewart.

Dans un entretien qu’il accorde à Claude Chabrol pour les Cahiers du Cinéma en mars 1957, Anthony Mann parle de l’importance de l’image : « On peut dire que le meilleur exemple du bon film serait celui que l’on comprendrait entièrement si l’on coupait la bande sonore et si l’on ne regardait que les images, parce que tel est le cinématographe. Les mots ne sont là que pour souligner l’image. » En témoigne l’importance de la photographie de William Daniels, qui a déjà travaillé auprès de réalisateurs comme Erich von Stroheim, Ernst Lubitsch ou Jules Dassin.

 « C’est un classique. On l’a toujours senti, certes, mais jamais aussi clairement qu’aujourd’hui où le recul et la comparaison confirment la série de westerns avec James Stewart comme ce que le genre a donné de plus parfait et de plus pur. Les grands westerns échappent en général à l’idée archétypale qu’à tort ou à raison nous nous faisons du genre : ceux de Mann y correspondent au point qu’on se demande s’ils n’ont pas contribué à la former. » (Jean-Pierre Coursodon & Bertrand Tavernier, 50 ans de cinéma américain, Omnibus)