Posté le 16.10.2018 à 16h
Alfonso Cuarón s’est prêté au jeu de la « master class » avec générosité. Le cinéaste mexicain s’est livré sur son dernier film, Roma, après avoir présenté les deux avant-premières du film (pleines à craquer) proposées à Lyon ce lundi 15 octobre.
© Institut Lumière / Bastien Sungauer
Idée du projet / Festival de Morelia / Mexique
« Avant Roma, j’étais plongé dans des recherches anthropologiques très poussées en vue de mon prochain film. Mais, alors que je lui détaillais le projet, Thierry Frémaux m’a dit, autour d’un (ou plusieurs) verres de mezcal, que c’était le bon moment pour moi de revenir au Mexique. Il répondait à côté et ça m’a vexé, je lui en voulais de ne pas se montrer emballé par mon projet. Et pourtant, cette idée a fait son chemin, c’était bien le bon moment pour moi de retourner filmer au Mexique. Il y a une sorte d’arrogance à se prétendre citoyen du monde mais nous avons tous besoin de retrouver nos racines. Il y avait une justesse spirituelle dans ce moment professionnel.
Roma / Le titre
« Roma, c’est un quartier de Mexico D.F, celui où j’ai grandi. Quand on m’a proposé ce titre, j’ai dit « c’est nul mais c’est pas grave on le changera plus tard ». Et on ne l’a jamais changé, voilà. Mais c’est bien, c’est l’occasion pour moi d’inventer un hommage à Fellini ou Rossellini, ou de suggérer que Roma est l’anagramme d’Amor ! »
Scénario / Le chaos
« Contrairement à Y tu mamá también, pour Roma je n’ai donné de scénario à personne et j’avais de longues conversations individuelles avec chaque acteur. Je leur disais quelles étaient les relations sous-jacentes entre les personnages et je racontais des choses différentes à chacun. Chaque matin je donnais leur texte du jour à certains acteurs et je prenais le soin de leur donner des indications complètement contradictoires. C’était très cocasse parce qu’après tout, c’est ça la vie ! »
Netflix / Le choix
« Je suis frustré à l’idée que le public français ne voie pas Roma en salle, ce film ayant été pensé avec une ambition visuelle et sonore destinée au grand écran. Mais au moment de choisir un distributeur, Netflix s'est imposé grâce à son désir de porter ce film d’auteur aux quatre coins du monde. »
Charlotte Pavard