Posté le 14.10.2018 à 9h30
Lumière 2018 a démarré comme chaque année sur les chapeaux de roue avec une cérémonie électrique, grand mix de tapis rouge foulé par une rivière de célébrités du cinéma, de clips hyper bien fichus présentant les grands axes de la programmation, d’un master of ceremony (Thierry Frémaux, est-il besoin de le préciser ?) passé maître dans l’art de faire monter la mayonnaise festive et d’un public de 5000 personnes qui confère par sa seule présence une dimension supérieure à toute l’affaire (imaginer la même cérémonie dans une salle de 600 places, ce serait tout de suite moins grandiose).
La température de la halle Tony Garnier a d’emblée grimpé quand les VIP sont apparus dans la salle et sur le grand écran, avec des pics d’acclamations pour Javier Bardem, Guillermo Del Toro, Liv Ullmann, Vincent Lindon, Monica Bellucci, Bébel et Claude Lelouch. Alors que Frémaux démontrait qu’il avait retenu deux ou trois choses de showmen comme Bruce Springsteen (“Eh, les derniers rangs, plus fort, on ne vous entend pas”), les clips enchantaient le public par leur virtuosité de montage et de mixage, instaurant des champs-contrechamps entre personnages de films différents, ou choisissant un thème musical pour accompagner des scènes d’autres films, créant de nouveaux agencements de scènes cultes du cinéma et procurant d’autres types d’émotions. Regarder ce mitraillage de fragments de cinéma avant de voir les films, c’est comme déguster un plateau de petits fours avant les plats de résistance. Le sorcier du couper-coller, le masterchef de ces cinézakouskis, s’appelle Thomas Valette et il mérite amplement d’être cité.
© Institut Lumière / Léa Rener
Alors que Laurent Gerra a plié toute la salle par ses irrésistibles imitations de Bertrand Tavernier, Johnny Hallyday ou Jean-Luc Godard, Thierry Frémaux a donné la parole au grand Renzo Piano pour présenter leur projet de “Cité Lumière”, extension XXL de l’Institut dévolue à la mémoire du cinéma (et à la création architecturale). Une façon habile également de mettre un petit coup de pression sur les représentants politiques et institutionnels présents dans l’assistance pour contribuer au financement du projet. Si cette cité voit un jour le jour, ce sera grandiose.
Les dos et fessiers les moins robustes commençaient à souffrir au bout de 2 heures et quelques sur les chaises en bois de Tony Garnier quand fut lancé Itinéraire d’un enfant gâté de Claude Lelouch. Pour moi, ce choix tombait bien, je ne l’avais jamais vu. Lelouch a un don, celui de nous accrocher avec les histoires les plus invraisemblables, les plus abracadabrantesques. Prenons le pitch de ce film : un industriel spécialisé dans le nettoyage urbain (un fabricant de motocrottes, en gros) lâche tout un jour de déprime (sa femme, ses enfants, sa boîte…), se fait passer pour mort et se barre au fin fond de l’Afrique. Puis finalement il revient, mais d’abord indirectement, par l’intermédiaire d’un double-marionnette qu’il dirige à distance, dans une sorte de grand jeu de rôle pour de vrai. Dit comme ça sur le papier, on se dit « Non, pas possible ». Mais si, possible, parce que Lelouch fait grand usage de sa liberté d’artiste et transcende les récits les plus zarbis par son appétit et sa joie de filmer. Bébel est bien mais le point fort du film à mon sens, c’est Richard Anconina, qui stupéfie par son ingénuité, sa douceur, sa vista comique et son art de faire passer beaucoup de choses par un simple mouvement de paupière. Un film populaire, c’était parfait pour lancer un festival extrêmement populaire.
© Institut Lumière / Léa Rener
Après la séance, Maelle Arnaud (directrice de la programmation de l’Institut et du Festival) confiait que les 5000 places de cette séance d’ouverture avaient été vendues en 48h (et alors que le film n’était pas encore choisi), et que 80 000 billets sont déjà partis alors que le festival a tout juste débuté et que le programme est relativement pointu (Richard Thorpe, Henri Decoin ou Muriel Box ne sont pas les réalisateurs les plus connus). C’est beau et réconfortant le succès, quand il est obtenu avec la matière noble qu’est le patrimoine cinématographique. Cette soirée d’ouverture fut ainsi emblématique de la plus belle réussite du festival Lumière : avoir su réconcilier la cinéphilie, le goût des « vieux » films et le grand public.
La soirée d'ouverture en images :
Copyright Institut Lumière / Sandrine Thésillat - Jean-Luc Mège Photography 2018
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Copyright Institut Lumière / Olivier Chassignole
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