Une réussite signée Stephen Frears

Posté le 04.10.2018 à 13H30

Hugh Grant et Ben Wishaw sont les interprètes de A very English scandal qui retrace comment Jeremy Thorpe, un politique important, se retrouve accusé d’avoir commandité l’assassinat de Norman Scott, son ex-petit ami. Stephen Frears réalise cette étonnante minisérie – traité sur le mode de la comédie – qui sera projetée pendant le festival Lumière.

Pour le petit écran, Stephen Frears a choisi une histoire qui a fait couler beaucoup d’encre au royaume de Shakespeare. Adaptée d’après des faits authentiques, cette minisérie située dans les années 60 et 70 raconte la liaison amoureuse de Jeremy Thorpe, leader du parti libéral britannique, avec Norman Scott, garçon sensible et fauché comme les blés. Leur secret semble bien gardé, jusqu’au jour où cette relation déjà finie risque de s’étaler dans la presse à scandales suite aux propos d’un Norman très déstabilisé. Jeremy affiche dorénavant une vie familiale tranquille, politique oblige, sa carrière est donc menacée par cet ancien amant. Il charge son ami et député Peter Bessell de tout faire pour étouffer cette affaire. Angoissé par les révélations de Norman à Emlyn Hooson, son rival politique, Thorpe, en passe de devenir le nouveau premier ministre britannique, décide d’éliminer celui qui le gêne trop. Mais le tueur employé rate sa cible, et est arrêté. Scott accuse alors publiquement Thorpe d’avoir voulu l’assassiner, mais les enquêtes de police ne mènent à rien. Après de multiples rebondissements et la démission de Thorpe au sein de son parti, l’affaire passe en procès devant une cour d’assises.

Autour d’un sujet mêlant politique et homosexualité (passible d’emprisonnement au début des années 60), Frears ignore le drame ou encore le film noir qui aurait pu se profiler, pour nous livrer une comédie acerbe. La transposition du livre de John Preston racontant ces évènements est écrite par Russell T. Davies (scénariste de séries comme Queer as Folk, et responsable du retour du légendaire Dr Who sur le petit écran), qui s’amuse apparemment avec ses personnages à travers ce portrait corrosif de la société anglaise de l’époque. Le rythme soutenu par la réalisation de Frears est au service de ses 2 interprètes principaux. Hugh Grant (qui retrouve le réalisateur de Florence Foster Jenkins) surprend en incarnant Thorpe, un politique charmeur et manipulateur. Il a pour partenaire Ben Wishaw (que l’on a vu dans Les Suffragettes et qui est aussi le nouveau Q pour Daniel Craig dans les 2 derniers James Bond) ici parfait en Scott, timide et désarçonné par son manque de confiance en lui. Les deux comédiens sont épaulés par de solides seconds rôles connus des amateurs de séries britanniques comme Alex Jennings (Retour à Whitechapel, également Duke de Windsor des 2 premières saisons de The Crown). A Very English Scandal ne dépareille pas dans la filmographie de Stephen Frears, et mérite bien sa place aux côtés de The Queen (évidemment), ou de Philomena et Tamara Drewe. Diffusé fin mai sur BBC One en Angleterre, cette minisérie de seulement 3 épisodes d’une heure devrait faire des adeptes lors de sa projection au festival Lumière.

A Very English Scandal au festival Lumière, c’est ici.