Posté le 08.10.2018 à 18H
Série de trois documentaires inédits réalisés par Jean-Pierre Lavoignat, Christophe d’Yvoire et Cyril Bron, The Three Amigos revient sur le parcours et l’amitié des trois mousquetaires du cinéma mexicain : Alfonso Cuarón, Alejandro Gonzalez Iñárritu et Guillermo Del Toro. À l’occasion de la présentation de ces documentaires en avant-première au festival Lumière, nous nous sommes entretenus avec l’un des réalisateurs, Jean-Pierre Lavoignat.
Pourriez-vous évoquer la genèse du projet ?
Depuis plusieurs années, Christophe d'Yvoire, Cyril Bron et moi-même travaillons ensemble sur des portraits de cinéastes. Après avoir fait (avec Nicolas Marki également) une série de dix portraits de cinéastes des années 80, nous nous sommes intéressés à trois réalisateurs dont nous aimions beaucoup les films : Alfonso Cuarón, Alejandro Gonzalez Iñárritu et Guillermo Del Toro. Depuis longtemps, le parcours de ces trois cinéastes mexicains récompensés à Hollywood mais qui poursuivent une œuvre très personnelle, nous intriguait. Nous savions qu'ils étaient très amis, qu’ils échangeaient beaucoup, alors que chacun fait un cinéma très différent des deux autres. Bref, nous étions très curieux d'en apprendre plus sur eux et de savoir comment ils fonctionnaient ensemble. Nous avons donc proposé à OCS un documentaire en trois volets qui serait à la fois le portrait de chacun d'eux et le récit de leur amitié. Bien sûr, cela n'était envisageable que si les « Three amigos » étaient d'accord pour jouer le jeu. Ils l'ont été immédiatement !
Trois réalisateurs, ce sont trois visions. Comment avez-vous procédé en termes de répartition du travail, de ton et de direction à donner aux trois films ? Vous êtes-vous attribué à chacun un réalisateur ou avez-vous abordé les trois ensemble ?
Nous sommes une petite équipe et nous faisons presque tout ensemble, et ce aussi bien pour le fond que pour la forme. Nous ne nous sommes rien réparti et nous avons tout partagé. Nous avons d'ailleurs traité ces trois réalisateurs de la même manière. Chaque volet de « Three Amigos » comporte ainsi la même structure : une courte introduction commune, un prologue sensiblement différent pour chaque réalisateur au cours duquel les trois évoquent leur première rencontre, puis le portrait du cinéaste concerné, et forcément, en chemin, l'importance des liens qui l'unisse aux deux autres...
Qu’est-ce que vous plaît dans le cinéma de ces trois réalisateurs très différents ?
Justement qu'ils soient très différents ! Chez Iñárritu, on est touchés par sa volonté de toujours repousser les limites du cinéma, tout en donnant à ses films une dimension organique incroyable. Chez Cuarón, par la quête, tout en abordant tous les genres et en les transcendant, de ce qui fait la quintessence même du cinéma. Chez Del Toro, par cette formidable capacité à créer des univers extraordinaires, forts et singuliers et à regarder les « monstres » avec beaucoup de tendresse et d'humanité.
Qu’est-ce qui les rassemble selon vous, tant à un niveau personnel que dans leur approche du cinéma ?
Leur fabuleuse puissance visuelle, leur goût pour les défis techniques et artistiques, leur désir d'explorer des terres inconnues... Mais surtout, surtout, leur foi absolue dans le cinéma.
S’il est certain que ces trois cinéastes représentent la réussite du cinéma mexicain, quel est l’état de celui-ci aujourd’hui ?
D'avoir réalisé trois documentaires sur ces trois réalisateurs mexicains-là n'a pas fait de nous pour autant des spécialistes du cinéma mexicain ! [Rires] Ce qu'on peut aisément imaginer, c'est que leur parcours et leur réussite ont forcément changé les choses, ouvrant des portes, nourrissant des vocations... Ils sont certainement déjà devenus des modèles et des références pour les jeunes cinéastes mexicains.