En attendant l’ouverture...

#Lumière2018
par Serge Kaganski 



Posté le 13.10.2018 à 15H


  

Longtemps, Lyon fut pour moi le Parisien une ville de passage tristoune, un obstacle obligé sur la route des vacances. Pour se rendre de la capitale de France en Provence, on ne pouvait pas échapper à la traversée de la capitale des Gaules avec ses récurrences désagréables pour les voyageurs en transit : le traditionnel bouchon de Fourvière, les quais du Rhône sans charme au sud de Perrache, puis le paysage industriel et les odeurs glauques de la zone de la pétrochimie vers Oulins, Pierre-Bénite, Feyzin, sorte de New Jersey sur Rhône. Ce n’est qu’en passant Vienne que l’on sentait enfin le parfum à venir du soleil, des cigales et de la villégiature, que l’on était dans la disposition de fredonner mentalement à la Nino Ferrer, « on dirait le sud ».

 

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Bien sûr, on savait que la cité des Gones avait plein de belles et bonnes choses à offrir : les bouchons (mais pas ceux du tunnel !), la colline de la Croix-Rousse, les quenelles, les une-deux de Serge Chiesa et Fleury Di Nallo, les ruelles du vieux quartier Saint-Jean, la rosette… et puis c’était la ville des éternels Guignol et frères Lumière ! Pourtant, cette abondance de biens et promesses n’avaient jamais réussi à nous faire ralentir, encore moins stopper, pressés que nous étions de rallier la garrigue ou la grande bleue.

 

Si je connais désormais un peu Lyon, je le dois à l’Institut Lumière et à son festival du même nom ô combien éclairant - et je le dois bien sûr au boss Thierry Frémaux, qui a été pour moi en maintes occasions le syndicat d’initiative, la table d’orientation et le guide du fooding locaux. J’étais venu une première fois visiter Thierry et Lyon aux temps préhistoriques de l’Institut Lumière - ça devait être en 1991, il n’y avait pas encore la salle, encore moins le festival, juste la villa Lumière et ses collections sur lesquelles veillaient Bernard Chardère ou Raymond Chirat, vénérables vigies de la cinéphilie lyonnaise. On n’avait pas eu le temps de vraiment visiter Lyon, Thierry conduisait trop vite pour cela, et puis nous avions consacré l’essentiel de la journée à examiner le présent et le futur de l’Institut et à visionner quelques mirifiques vues Lumière, lesquelles n’étaient pas aussi accessibles qu’aujourd’hui.

 

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C’est finalement grâce au Festival Lumière que j’ai vraiment séjourné à Lyon et découvert ses beautés au-delà de la place Bellecour. Entre deux projections de classiques prélevés dans la monumentale hotte patrimoniale du cinéma, entre un déjeuner avec Michael Cimino et une conférence de Wong Kar-wai, entre une séance géante à la Halle Tony Garnier et une visite recueillie aux mythiques portraits de Bob Dylan par Jerry Schatzberg, j’ai arpenté les ruelles de Saint Jean et les traboules de la Croix-Rousse, j’ai savouré les quenelles de Chez Abel à la Voûte d’Ainay et admiré les tuiles de la ville au soleil couchant depuis Fourvière (ou quand la capitale des Gaules redevient un peu romaine)…
Bref, Lumière a pour moi allumé les lumières sur Lyon, et sans doute aussi réveillé cette ville souvent décrite comme bourgeoise et engoncée. La circulation du tunnel de Fourvière est toujours là, la zone industrielle aussi, mais le festival Lumière nous en protège et ne nous offre que le meilleur de la ville : ses quartiers historiques, ses salles de cinéma, ses temples de la culture, ses bouchons (mais pas ceux de Fourvière !)... Et c’est ainsi qu’un slogan dit toute la vérité : « good films, good food, good friends », absolument ! Merci Lyon, merci les Lumière, merci le Festival… et que la fête commence !

Catégories : Lecture Zen