Greystoke, la légende de Tarzan

Le renouveau d'un mythe

 


Posté le 27.09.2018 à 16H30


 

Le Festival Lumière nous permet de (re)découvrir Greystoke, la légende de Tarzan en présence de Hugh Hudson et Christophe Lambert. Film passionnant, cette vision du célèbre homme-singe relance son image alors en perdition. Retour sur une production pas vraiment facile.


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À l’origine, il y a d’abord un script signé Robert Towne. Scénariste de Chinatown, Shampoo, et plus tard des deux premiers volets de Mission Impossible, il s’attaque début 1980 à une nouvelle transposition du légendaire Tarzan imaginé en 1912 par le romancier Edgar Rice Burroughs. Cette adaptation se veut plus fidèle au livre. Mais Towne, qui désire mettre en scène le film, se voit évincer par le studio Warner à la sortie de son premier long-métrage Personal Best, un flop retentissant. Le script inachevé (long de 170 pages, et racontant uniquement la partie se déroulant dans la jungle) est alors confié à Hugh Hudson. Cinéaste reconnu suite au succès de ses Chariots de feu, le réalisateur va développer le personnage de l’homme-singe mais également la difficulté pour un enfant de vivre dans un milieu sauvage. Avec Michael Austin (5 jours, ce printemps-là), son nouveau scénariste, il s’attache aussi à montrer le retour de cet individu devenu adulte à la civilisation. Un univers bien différent de tout ce que le futur Lord Greystoke a pu connaître et du jamais vu auparavant dans la saga cinématographique consacrée à Tarzan (une idée seulement effleurée dans Les aventures de Tarzan à New-York de Richard Thorpe).

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Pour interpréter le héros à différents âges, de nombreux enfants sont auditionnés pour la première partie du film. Reste à trouver le Tarzan adulte. Hudson porte son choix sur Christophe Lambert, un jeune inconnu sorti du conservatoire (il vient de décrocher des rôles secondaires dans Le Bar du téléphone et Une Sale affaire). L’acteur est élu parmi des centaines de candidats (parmi lesquels Viggo Mortensen). Il va se préparer à travers un entraînement intensif de 8 mois pendant lesquels il apprend à connaître les singes, et surtout à grimper aux lianes et aux arbres parmi ses animaux avec l’aide de gymnastes. Ainsi le frêle Lambert passe de 58 à 84 kilos. Et rien que du muscle. La non moins célèbre Jane prend les traits de Andie MacDowell, un mannequin américain de 26 ans débutant ici au cinéma. Elle aura la désagréable surprise d’avoir sa voix doublée (pour la VO) par Glenn Close à cause de son accent sudiste jugé trop prononcé. Le casting est rejoint par les plus expérimentés Ian Holm, Nigel Davenport (déjà au générique des Chariots de feu), James Fox et le shakespearien Ralph Richardson, ici grand-père du futur Lord Greystoke, dans l’une de ses dernières compositions au cinéma.

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Durant ce tournage éprouvant prévu sur 5 mois, l’équipe s’installe au Cameroun dans les décors construits pour le film. Subissant l’humidité et une chaleur étouffante, certains techniciens et figurants costumés en singes tombent malades. De plus, Hudson et ses comédiens n’ont pas la possibilité de voir les rushes durant leur périple camerounais (les plans déjà tournés sont expédiés directement en Angleterre). On devine l’inquiétude naissante du réalisateur. Surtout qu’il est difficile de filmer dans une jungle sans lumière. Celle-ci est reconstituée minutieusement en Angleterre sur un immense plateau des studios Elstree où le tournage prend fin après quelques extérieurs en Ecosse et dans le comté de Hertfoshire. En montage, Hudson se retrouve avec 3 heures de film ramenés à 2h40mns (la meilleure version comme il le déclare en 2016 au Hollywood Reporter). Mais le studio Warner trouvant trop violentes les séquences sur l’enfance du personnage, le metteur en scène retaille alors ce montage pour la version que l’on connaît.

Budgété à 30 millions de dollars, le film rassure les producteurs avec une sortie triomphale en mars 1984. Greystoke, la légende de Tarzan est un succès grâce à la réalisation lyrique et très travaillée de Hudson ainsi que les maquillages surprenants de Rick Baker (Le Loup-garou de Londres, Gorilles dans la brume), rendant impossible d’identifier les vrais singes des acteurs grimés. Cette réussite repose aussi beaucoup sur Christophe Lambert, qui donne l’ampleur nécessaire à ce Lord Greystoke, revisitant un mythe que l’on croyait usé jusqu’à la corde. Le film le consacre, il est indéniablement devenu Tarzan pour les fans de l’homme-singe. Il nous fait ranger au grenier Johnny Weissmuller, Lex Barker, Gordon Scott, tandis que ceux à venir tombent déjà dans l’oubli. Un vrai tour de force, à (re)voir à l’occasion des projections du film durant le Festival Lumière en présence de Hugh Hudson et de Christophe Lambert.

Greystoke, la légende de Tarzan au Festival Lumière c’est ici.

 

 

 


Projections :

Greystoke, la légende de Tarzan
de Hugh Hudson

(Greystoke: The Legend of Tarzan, Lord of the Apes, 1984, 2h13)

Institut Lumière
Samedi 13 octobre à 14h45
En présence de Christophe Lambert et Hugh Hudson
> Achat des places

Pathé Bellecour

Dimanche 14 octobre à 10h45
En présence de Christophe Lambert et Hugh Hudson
> Achat des places

UGC Confluence

Mercredi 17 octobre à 17h30
En présence de Christian Carion
> Achat des places

Saint-Priest

Jeudi 18 octobre à 20h15
En présence de Karole Rocher
> Achat des places

Catégories : Lecture Zen