Posté le 15.10.2018 à 17h
Tarantino, Wong Kar-wai, et beaucoup d'autres réalisateurs vouent un culte plus que mérité à King Hu, cinéaste chinois qui aimait les héros qui s'amusent à dissimuler leurs talents.
Calligraphie
Les films de King Hu sont souples comme de la calligraphie, un art étudié très jeune par le réalisateur aux Beaux-Arts de Pékin. Impossible d'oublier les ondulations coupantes des joncs de mer dont le bout comme une menace, entre la torche et la lance, annonce le danger dans A Touch of Zen.
Film A touch of zen
Volatile invincible
Cinéaste féministe, King Hu a réinventé le très viril « wu xia pian », cinéma de combat au sabre. Les héroïnes de ses films y sont particulièrement irréductibles moralement et légères physiquement. L'Hirondelle d'or, dissimulée en homme, passe si vite au milieu des combattants masculins qu'elle les défait tous sans qu'ils comprennent comment.
Arme fatale
Chez King Hu, l'arme fatale s'appelle Cheng Pei-Pei, actrice chinoise qui ne recule jamais, qui réfléchit, immobile, à la vitesse de l'éclair. Cassant sa fluidité originelle, la réalisation de King Hu se fait alors saccadée comme les pensées de l'héroïne de Dragon Inn prise au piège, qui doit réagir face au danger.
Film Dragon Inn
Une touche de génie souverain
Les héros selon King Hu prennent position. Ils retombent de façon très directe sur leurs deux pieds, parfaitement placés en attendant le prochain happening. Le cinéma de King Hu est un cinéma de la grâce dont l'ultime acte se trouve dans A Touch of Zen quand un personnage debout se met à saigner de l'or.
Virginie Apiou
> Toute la programmation autour de King Hu et de la présence de Cheng Pei-Pei au festival Lumière est à découvrir ici.