Liv Ullmann ou l'intelligence du cœur

 


Posté le 14.10.2018 à 12h20


 

La grande actrice norvégienne, invitée d'honneur de cette édition, a raconté dimanche à la Comédie Odéon ses souvenirs, lors d'une master class lumineuse et pleine de vie, comme elle. Morceaux choisis.

 

Rire avec Bergman 

« Être sur un plateau avec Bergman c'était un moment de joie, un moment de bonheur, un moment de rire… On riait énormément sur ses tournages. Quand je dirigeais Infidèle, il n'était pas autorisé à venir sur le plateau, mais il a demandé "Le dernier jour, je peux venir ?", c'était dans une chambre d'hôtel, une scène de dispute entre Lena Endre et son mari. Il est venu à l'heure du déjeuner, il était si enfantin qu'il a dit "Je vais me coucher sous les couvertures comme cela ils ne me verront jamais". Et si vous voyez le film, regardez bien : le couple rit parce que Bergman est au fond du lit. »

 

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Liv Ullmann découvre sa plaque sur le « Wall of Fame » de l’Institut Lumière le 14 octobre 2018 © Institut Lumière / Jean-Luc Mège

 

 Tourner avec Bergman

« Ingmar ne disait jamais à ses acteurs "Voilà ce que tu dois ressentir, c'est comme ça que tu dois être, c'est à ça que tu dois ressembler… Il n'y a que les mauvais réalisateurs qui font cela. Mais il donnait un merveilleux scénario, de beaux dialogues, il se tenait à côté de la caméra et il nous regardait créer. Un bon réalisateur laisse ses acteurs devenir les créateurs de leur personnage. »

 

Plusieurs vies en une

« J'avais fait beaucoup de films avant de travailler avec Ingmar… J'ai aussi tourné des films suédois dont Les Emigrants de Jan Troell et ça m'a amenée aux Etats-Unis puisque j'ai été nommée aux Oscars pour ce film. Et ils m'ont trouvée tellement gentille et douce, très différente des héroïnes névrosées des films de Bergman, qu'ils me voulaient dans tous leurs films et je suis devenue une star hollywoodienne pendant deux ans ! J'ai tourné quatre films très hollywoodiens, failli faire fermer deux studios… Et ensuite je suis allée à Broadway, j'ai travaillé au théâtre, écrit deux livres et ma vie a encore changé. Puis je suis retournée en Norvège et j'ai tourné d'autres films. Et il y a 30 ans, j'ai commencé à travailler avec les réfugiés, à aller dans leurs pays d'origine et à me pencher sur ces questions-là, et cela a probablement été le changement le plus important de ma vie. Quand on est acteur, réalisateur, on devient un porte-parole. Ingmar avait l'habitude de dire : Je ne fais pas des films pour parler à l'esprit des gens, je fais des films pour parler à leur âme. »

 

Rébecca Frasquet

 

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