Posté le 18.10.2018 à 12h29
Le critique érudit et réalisateur Peter Bogdanovich est mis à l’honneur en cette édition du festival. Virginie Apiou aborde son cinéma avec ferveur.
Peter Bogdanovich n'est pas seulement un homme qui a su accompagner, servir, témoigner de la grande histoire du cinéma, il est aussi un cinéaste de bonne humeur. Il restitue à l'écran l'amour de tout : de la vie, du cinéma, des autres, le bonheur d'exister sans être jamais mièvre, mais au contraire en intégrant une juste part de cruauté et de coups du sort. Il est de ces créateurs qui a su trouver comment rendre les remous – parfois difficiles – de la réalité américaine, solaires, nobles, inspirants et rapides. Il suffit de voir Saint Jack porté par un Ben Gazzara toujours souriant, malgré les emmerdes de son personnage, entre mafieux et jolies filles, pour avoir envie de suivre sa démarche cool.
Comment ne pas être émerveillé devant le culot charmant de Barbra Streisand heureusement insupportable face à un Ryan O'Neal qu'il faut bousculer, dans On s'fait la valise, docteur ? Le tempo Bodganovich est là, il passe souvent par les femmes, des héroïnes vraiment marrantes, vivantes, intenables. Des filles, des petites filles, celle de La Barbe à Papa, des jeunes femmes qui passent en noir et blanc, bien décidées à ne pas laisser les choses s'accomplir malgré elles, comme dans La Dernière séance. Car il y a de la mélancolie élégante dans tous ces films-là. Celle chère à François Truffaut qui préférait le rythme sans temps mort du cinéma à celui de la vie. Pour tout cela, il faut saluer l'œuvre de Bogdanovich où on ne se laisse pas abattre, où on lutte avec style et intelligence.
Virginie Apiou