Posté le 15.10.2018 à 15h20
Le réalisateur américain Jerry Schatzberg, qui nourrit une relation privilégiée avec la France – il dit avoir été révélé par le « découvreur de talents » Pierre Rissient – a fait salle comble au Festival Lumière.
Jerry Schatzberg est de ces cinéastes américains dont les films ont plus de succès en France qu'aux États-Unis (il obtient la Palme d'Or pour L'Épouvantail en 1973), notamment, selon lui, parce qu'ils montrent un côté de l'Amérique que les Américains refusent de voir.
© Institut Lumière / Sandrine Thesillat - Jean-Luc Mège
Pour cette 10ème édition, cet inconditionnel du festival Lumière est venu à la rencontre du public pour présenter son 5ème long métrage, le drame politique La Vie Privée d'un sénateur (The Seduction of Joe Tynan, 1979). L'histoire d'un sénateur qui se bat contre la nomination d'un président raciste à la Cour suprême et voit sa vie bouleversée lorsqu'il tombe amoureux d'une de ses avocates. C'est un film fidèle au style élégant et décontracté de Schatzberg, ancien photographe de mode.
Dans les rôles principaux, Alan Alda, qui a aussi écrit le scénario, interprète le rôle de Joe Tynan, jeune sénateur intelligent, ambitieux et père de famille, qui voit ses principes mis à rude épreuve. Face à lui, Meryl Streep, au commencement de sa carrière, est bouleversante. Le tournage a débuté à peine un mois après la mort de son compagnon, John Cazale. À la demande de Schatzberg, elle donne à son personnage un léger accent du sud des États-Unis, qui lui octroie une forme d'artifice assumé, et contraste avec le personnage frontal d'Ellie, la femme du sénateur, interprétée par une formidable Barbara Harris.
Questionné sur la genèse du film lors de sa présentation à Lyon, Schatzberg raconte que le tournage fut une affaire compliquée du fait qu'Alan Alda refusait de modifier les dialogues à la demande des comédiens. C'est Schatzberg qui a fait le choix de faire tourner Meryl Streep, alors au tout début de sa carrière. Il disait d'elle qu’elle avait une qualité exceptionnelle – une intuition confirmée peu de temps après lorsqu'elle obtient son premier Oscar, en 1980, pour Kramer contre Kramer.
Lise Pedersen
Découvrez également, pour toute la durée du festival, l'exposition photographique de Jerry Schatzberg consacrée à Bob Dylan de 1965 à 1967, période où le chanteur sortait deux de ses albums les plus mythiques, Highway 61 Revisited (1965) et Blonde on Blonde (1966), ainsi que le livre de Jerry Schatzberg Dylan by Schatzberg (ACC Art Books).