le film (Fonda)teur dans l’œil de Jane !

Posté le 20.10.2018 à 16h45

Une jeune réalisatrice, un premier film, ou presque. Elle qui n’a jamais eu de velléités de filmer, qui a pour habitude d’être dirigée au cinéma, s’est révélée morte de peur à l’idée de tourner le remake du premier film de l’histoire du cinéma, La Sortie des usines Lumière. « J’en ai fait des cauchemars ! » a-t-elle déclaré, amusée, en Conférence de presse. Cet après-midi, Jane Fonda s’est prêtée avec fougue à ce rendez-vous traditionnel du festival. Une bonne humeur distillée tout au long de sa venue. Action !

Copyright Institut Lumière / Sandrine Thesillat - Jean-Luc Mège photography

Son scénario est limpide : en grève depuis six mois, les ouvriers viennent de gagner la bataille. Ils ont obtenu 30 euros d’augmentation par jour, ont raflé des heures supplémentaires et le représentant du syndicat, Constantin Costa-Gavras, qui vient d’être choisi dans ce rôle-titre, leur annonce la bonne nouvelle. « En sortant de l’usine, ils doivent crier leur joie, lancer leurs casquettes, s’embrasser, hurler leur bonheur, s’emballe Jane Fonda ! C’est une journée magnifique, vous avez gagné ! Vous, les espagnols », dit-elle en interpellant Rossy de Palma et son compagnon. « Vous sortez en premier et vous y allez, vous exprimez votre joie d’une façon très physique ! ». « Mais on regarde la caméra ou on l’ignore », s’interroge l’actrice fétiche d’Almódovar ? « On l’ignore bien sûr, c’est un film, s’exclame l’Américaine, avant de s’inquiéter du rôle du chien : y a-t-il un chien communiste ? » Devant la centaine de spectateurs installés patiemment depuis quelques heures derrière les grilles et protégeant l’historique lieu de tournage, tout le monde s’exécute dans un joyeux chaos. Les personnalités qui comptent sortent du Hangar du Premier-Film suivant les instructions de la pétillante réalisatrice : Régis Wargnier, Anne Le Ny, Tahar Rahim, Anne Consigny, Jean-Loup Dabadie, Guillaume Jouhet d’OCS, Karole Rocher, Jean Becker, le judoka Thierry Rey, Radu Mihaileanu, Anaïs Demoustier, Suzanne Clément, Gianluca Farinelli, directeur de la Cinémathèque de Bologne, Catherine, la grande copine de Jane…

Copyright Institut Lumière / Sandrine Thesillat - Jean-Luc Mège photography

En visionnant les rushes dans la foulée, tout le monde se déclare satisfait. En revanche il faut mettre une autre version en bobine, et Danièle Thompson se dévoue. La réalisatrice de La Bûche ne veut qu’une star dans son film, et ce sera Jane Fonda. La star et Rossy de Palma, visiblement complices dans la bonne humeur, partent à l’assaut en une seule prise, faisant preuve d’une sorte de rage rebelle communicative. Après Wong Kar-wai l’an dernier, Catherine Deneuve en 2016, Martin Scorsese en 2015, Pedro Almodóvar ou Jerry Schatzberg, Jane Fonda a relevé son défi haut la main, et le poing levé !

Charlotte Pavard