Itinéraire d’un enfant gâté

Après Attention, bandits ! (1986), Claude Lelouch ressent le besoin de s’éloigner un peu des caméras et se remet en question. Lui qui a construit son parcours pierre par pierre, gardant une passion intacte pour le cinéma, se perçoit alors comme un enfant gâté. Ainsi naît le sujet d’un nouveau scénario. Lorsque le désir de reprendre la caméra est le plus fort, il se lance dans le projet d’Itinéraire d’un enfant gâté. Il déclare : « C’est l’autopsie d’un parcours, le cheminement des sentiments à travers cinquante années de la vie d’un homme, curieux, attentif à tous les hasards et prêt pour toutes les aventures. »

Jean-Paul Belmondo se trouve également à un carrefour, et l’envie de retrouver des grandes émotions le taraude. Touché par cette entreprise inédite dans laquelle il croit profondément, il devient coproducteur du film : « Depuis quelque temps déjà, je voulais sortir de l’emploi qui avait été le mien au cinéma pendant des années. À un moment donné, il faut laisser l’habit au vestiaire, sinon on n’existe plus. Il n’y a plus que l’habit. J’ai tourné une page aujourd’hui. Et Dieu sait si j’ai pris mon pied à me pendre sous des hélicos, à faire le con en voiture. Maintenant, ça c’est fini. J’aimerais qu’il y ait des auteurs, des scénaristes, des écrivains qui pensent à moi pour d’autres rôles, d’autres histoires. » (Studio n°15, juin 1988). Face à Belmondo, il y a Richard Anconina, excellent. La confrontation générationnelle avec ce dernier est symbolique, et devient un véritable passage de témoin et le choix conscient d’une filiation.

Avec ses images éblouissantes, laissant la part belle à un tour du monde paysager et émotionnel, Itinéraire d’un enfant gâté est une étape vers la sagesse et l’acceptation de soi, tant pour Jean-Paul Belmondo que Claude Lelouch.