Le Bon et les Méchants

Né en 1937 à Paris, Claude Lelouch grandit sous l’Occupation. Reconstituant cette période sombre, Le Bon et les Méchants est une comédie dramatique dont l’exergue fait office de morale : « Il n’y a pas d’hommes bons ou méchants, il n’y a que des hommes de bonne ou de méchante humeur. »

Le scénario s’inspire de deux personnages tristement célèbres : Pierre Bonny et Henri Lafont. Un flic et un truand travaillant pour le compte de la police et qui pillent les maisons de ceux qu’ils ont envoyés à la mort. Le film montre l’ambiguïté d’une période où les valeurs morales sont affaire de circonstances, et pose la question de la frontière entre héroïsme et opportunisme.

Le titre très explicite, montre d’un côté le Bon (Dutronc), avec sa naïveté et son sens de l’improvisation. Et de l’autre, les Méchants, les flics zélés, la Gestapo et les voyous récupérés par les Nazis et devenus leurs alliés.

Si le thème est dramatique, le film est une comédie interprétée avec légèreté par le trio Jacques Dutronc, Jacques Villeret (tous deux presque débutants) et Marlène Jobert. Ces trois petits truands restent sympathiques, même lorsqu’ils doivent composer avec les événements. L’automobile joue un (second) rôle important et Claude Lelouch raconte pour la première fois au cinéma, l’histoire d’une voiture symbole de supériorité, la fameuse Traction avant Citroën, plus rapide que celle de la police. Lelouch demande à son chef opérateur de tourner en couleurs sépia, pour obtenir une photographie proche des actualités d’une époque qu’il a connue.

« Sans vouloir ranimer les vieilles querelles ou déclencher des polémiques à l’échelle nationale, il me semble utile de rappeler qu’un certain nombre de Français, pendant cette sombre période, ont eu des comportements… discutables. Et c’est un euphémisme. Ce qui n’a pas empêché nombre d’entre eux, à la Libération, de tenter de se faire passer pour des héros de la Résistance. » (Claude Lelouch in Claude Lelouch itinéraire d’un enfant très gâté, avec la collaboration de Jean-Philippe Chatrier, Robert Laffont)