Le Clan des irréductibles

Après Rachel, Rachel, Paul Newman réalise son deuxième film d’après Et quelquefois j’ai comme une grande idée, un roman sorti en 1962 de Ken Kesey, l’auteur du célèbre Vol au-dessus d’un nid de coucou. Il s’attaque cette fois à un solide mélodrame "réaliste", avec Henry Fonda dans le rôle du patriarche et à ses côtés Richard Jaeckel et Lee Remick. L'acteur-réalisateur, tournant un tel film au début des années 1970, se place à contre-courant de son époque.

Ici, la nature omniprésente façonne les personnages, leurs caractères, leur persévérance, illustrée par le titre français. Paul Newman promeut, à travers cette famille de bûcherons, des vertus américaines oubliées, à savoir le culte du travail et la rigidité des principes. Les nombreuses séquences d’abattage d’arbres montrent la persistante d'une Amérique forte, celle des pionniers du XIX^e siècle.

Les personnages, tracés à gros traits, voire archétypés, sont ceux d’une société sur le déclin. La famille Stamper est vouée à disparaître. Lorsque Henry Fonda ne peut plus occuper son rôle de pilier, Hank son fils, tente de relever le défi, quitte à tout perdre.

« J’aimerais laisser le souvenir […] de quelqu’un qui a su grandir, sans pour autant célébrer ses victoires : le souvenir de quelqu’un qui n’a pas été béatement satisfait de lui-même ; le souvenir de quelqu’un qui n’a pas été abattu par un échec. Il faut essayer sans cesse. C’est ça l’essentiel. » (Paul Newman, Playboy, juillet 1968 in Paul Newman, François Guérif, PAC Éditions)