Les Fils de l’homme

Inspiré d’un roman de P.D. James, Les Fils de l’homme est une parabole sur l’immigration et l’écologie. Après avoir réalisé Harry Potter et le prisonnier d’Azkaban, Alfonso Cuarón s’attelle à des problématiques contemporaines. Tourné à la manière d’un reportage de guerre, le film est un miroir à peine déformant de notre monde. Le réalisme est prégnant : une suite de longs plans-séquences plonge le spectateur dans l’illusion permanente du vrai.

N’usant jamais d’effets spéciaux trop voyants, Alfonso Cuarón choisit des mouvements de caméras heurtés, des lumières crues, et construit son film sur l’interprétation d’acteurs vedettes (Julianne Moore, Michael Caine, Clive Owen), tout en offrant le rôle de Kee, personnage clé, à Clare-Hope Ashitey, alors quasi inconnue.

Sur le plan politique, Alfonso Cuarón se démarque de P.D. James, qui évoquait une dictature avec un Big Brother, comme chez George Orwell. Le réalisateur veut montrer que la tyrannie a aujourd’hui un autre visage : « C’est ce que l’on a connu au Mexique : pendant quatre-vingts ans, mon pays a été à l’avant-garde, montrant comment la tyrannie pouvait prendre le masque de la démocratie. » (Alfonso Cuarón, Le Monde, 18 octobre 2006). Et d’ajouter : « Aujourd’hui les solutions que l’on tente d’apporter au problème de l’immigration reposent sur une analyse caduque. Je crois, comme l’écrivain Wole Soyinka, que les racines de la plupart des conflits de l’humanité sont moins économiques que philosophiques : il faut retrouver le sens de la dignité humaine. » (art. cit.)

Dans cet univers devenu infertile, Cuarón donne la définition du futur la plus simple qui soit : l’avenir espéré, ce sont les enfants, les générations prochaines, la continuation de l’espèce. « Les jeunes sont nés dans ce monde déglingué et ils ne sont pas impressionnés par sa noirceur, ils veulent la combattre. Nous sommes comme ces gens qui croyaient que la Terre était plate. La génération nouvelle vient nous dire qu’elle est ronde, et qu’il faut changer notre façon de comprendre le monde. » (Alfonso Cuarón)