Les Uns et les Autres

« Il n’y a que deux ou trois histoires dans la vie de l’être humain et elles se répètent aussi cruellement que si elles n’étaient jamais arrivées. » (Willa Cather). En ouverture du film, cette citation de la romancière américaine illustre le thème : le temps et la mémoire. Claude Lelouch reste fidèle à son enfance, qui éclaire toute son œuvre. Les Uns et les Autres, repose entièrement sur ses souvenirs, et retrace l’Histoire de 1936 à 1980, à travers quatre pays : l’Allemagne, les États-Unis, la Russie et la France.

Dans une reconstitution grandiose, le film réunit une pléiade d’acteurs, de Robert Hossein à Geraldine Chaplin en passant par Sharon Stone en figurante. Les Uns et les Autres est le récit de quatre familles de musiciens, où plusieurs destins entrecroisés s’inscrivent dans la grande Histoire. La réflexion sur le temps passe par l'utilisation des mêmes comédiens pour incarner les enfants des personnages de la période précédente, un moyen pour Lelouch de traiter aussi de réincarnation.

Quatre familles représentées dans les bonheurs et les épreuves et réunies autour de l’amour de la danse et de la musique.  Mêlant jazz et musique classique, Claude Lelouch réunit pour la première fois au cinéma les compositeurs Michel Legrand et Francis Lai - son fidèle collaborateur depuis Un homme et une femme en 1966. La musique est enregistrée avant la fin du tournage. « J’ai donc écouté mon film avant de le voir, et j’ai réalisé l’importance du Boléro. Il allait être au cœur du dispositif, au figuré comme au propre, puisque c’est le cœur de l’humanité qui bat dans le film. » (Claude Lelouch in Claude Lelouch, mode d’emploi, Yves Alion et Jean Ollé-Laprune, Calmann-Lévy). Pour la danse, il fait appel à Maurice Béjart, et dans un bouquet final, réunit, pour dix-neuf minutes du Boléro de Ravel, tous les personnages du film et un public de deux mille personnes.

« La vraie vedette des Uns et des Autres, c’est le Boléro de Ravel. Cette musique est pour moi plus encore qu’un souvenir d’enfance lié à mon père : elle a accompagné toute ma vie d’homme, et toute ma vie de cinéaste. Je me suis aperçu, en outre, que cette musique agrandissait, en quelque sorte, la dimension de l’image. C’était la musique de film absolue. » (Claude Lelouch, Itinéraire d’un enfant très gâté, avec la collaboration de Jean-Philippe Chatrier, Robert Laffont).