Nos meilleures années

Lorsque la RAI ambitionne de retracer une période cruciale, l’Italie au long des quatre dernières décennies du siècle, elle fait appel à de grands professionnels du cinéma italien : la double plume de Sandro Petraglia et Stefano Rulli au scénario, Angelo Barbagallo, associé et producteur de Nanni Moretti, et Marco Tullio Giordana, remarqué pour son film Les Cent Pas (2000) et qui a déjà travaillé à plusieurs reprises pour la télévision.

Grâce à un budget de 6,5 millions d’euros, le film, quoique destiné à la télévision, est réalisé avec le soin d’un travail pour le cinéma. Les deux cent quarante lieux, les deux mille acteurs et figurants, entièrement filmés en décor naturel, ont pour vocation de retracer le plus justement possible la période allant de 1966 aux années 2000.

Fresque d’une génération, allant des inondations de Florence à la lutte contre la Mafia en Sicile, des mouvements étudiants au terrorisme, mêlant la petite histoire et la grande, le scénario fait de nombreuses références au film de Visconti, Rocco et ses frères. Marco Tullio Giordana, comme dans ses autres films, a fait de celui-ci un révélateur du passé et a souhaité « raconter un pays à travers des individus. [Il a] demandé aux acteurs de vivre, pas de jouer, les relations humaines sont incrustées dans la chair même de l’Histoire. »

Mais le film qui devait être diffusé à la télévision au mois de février 2003 est déprogrammé et son producteur le propose au Festival de Cannes. Nos meilleures années est primé dans la section Un certain regard, permettant ainsi à cette saga de devenir un grand film italien générationnel, et, passant du super 16 au 35mm, de devenir la première grande série télévisée présentée dans un festival international de cinéma.