À bas les hommes

1931. L'année est très riche pour Henri Decoin. Il signe Hector, une pièce de théâtre et poursuit parallèlement son activité de scénariste : il écrit ainsi, avec Henri-Georges Clouzot, Un soir de rafle de Carmine Gallone et Le Chanteur inconnu de Viktor Tourjansky, et signe seul le scénario du Chant du marin, du même Gallone. Il profite alors du plateau de tournage de ce dernier film pour passer à la réalisation et tourner en deux jours son premier court métrage, bénéficiant ainsi des services de l’équipe technique et d’un des acteurs, Jim Gérald.

Chatouilleur, chatouillé et femme délaissée sont les trois protagonistes de cette saynette, prologue à la (longue) filmographie du cinéaste, simple prétexte pour Decoin pour passer derrière la caméra et devenir réalisateur, à 41 ans.

Pour son fils Didier Decoin : « Les (rares) cinéphiles à avoir eu connaissance de cette œuvrette se sont demandé où diable mon père était allé chercher une histoire pareille, qui d’évidence, et je le confirme, n’avait rien d’autobiographique. La réponse est que le cinéma étant devenu sonore, Henri estimait que le public payait pour voir – ou plutôt pour entendre – des films qui fassent vraiment du bruit ; et après avoir étudié plusieurs options de raffuts, vacarmes et autres boucans, et compte tenu du budget limité dont il disposait, il en était arrivé à la conclusion que rien ne serait plus "sonogénique" que le rire hystérique d’une personne chatouillée et les hululements d’une femme au bord de la crise de nerfs. » (Henri ou Henry, le roman de mon père, Stock)