Entre conte philosophique et wu xia pian, A Touch of Zen est considéré comme le chef-d’œuvre de King Hu. Ce film fleuve est une œuvre éminemment personnelle, le cinéaste en étant aussi le scénariste et le monteur. Le tournage, entrecoupé, dura plus de trois ans et son montage plusieurs mois. Sha Yung-fong, le producteur, décida de sortir le film à Taïwan, dans une version tronquée. Un échec retentissant.
C’est lors d’un voyage à Hong Kong en 1973 que Pierre Rissient, tour à tour attaché de presse, programmateur, et surtout cinéphile assoiffé de découvertes, visionne A Touch of Zen : « Je l’ai vu dans une version très réduite, environ 2h10, alors que le film durait originellement 3h05. Il avait été un immense flop dans les salles de Hong Kong et de Taïwan, si bien qu’au fur et à mesure les exploitants coupaient eux-mêmes le film comme ils l’entendaient. En 1973, il n’existait plus aucune copie complète, ni aucune semblable à une autre. Mais j‘étais emballé par la magnificence visuelle, la composition, la dynamique des plans, l’énergie prodigieuse du film, l’imagination. » (Mister Everywhere, Actes Sud/Institut Lumière). Commence alors une longue négociation avec le producteur et de longs mois de recherche. En mai 1975, le film représente Hong Kong au Festival de Cannes, et remporte le prix de la Commission supérieure technique. King Hu est enfin révélé au public occidental.
A Touch of Zen se situe au carrefour de plusieurs ambitions, à la fois épopée, film d’arts martiaux à la limite du surnaturel, thriller politique, réflexion sur le pouvoir et sa vanité, fresque sur les déracinés… King Hu met de nouveau au centre de son histoire une guerrière, cachée sous les délicats traits de Hsu Feng, et donne à ressentir, de façon extrêmement sensible, les matières, la forêt, l’humidité, la lumière perçant entre les arbres… Maître absolu de son cadre, le cinéaste offre des images à couper le souffle.
« A Touch of Zen représente un essai encore plus ambitieux et plus profond. L’art du combat, mêlé à celui de la calligraphie, aboutit à une quête mystique. […] Chaque geste, chaque attaque, chaque parade en entraîne une autre, dans un mouvement sans fin. King Hu filme des chutes d’eau qui s’évaporent en nuage, un ruisseau qui se fige en glace avant de reprendre sa forme liquide… Cette nature qui n’est que mouvement, cycles et changements.» (Adrien Gombeaud, Positif n°653/654, juillet/août 2015)
A Touch of Zen (Xia nü)
Taïwan, Hong Kong, 1971, 3h00, couleurs (Eastmancolor), format 2.35
Réalisation & scénario : King Hu, d’après les Contes étranges du pavillon du loisir de Pu Sung-ling
Photo : Hua Hui-Ying
Montage : King Hu, Wang Chin-Chen, avec les conseils de Pierre Rissient
Musique : Wu Dajiang
Décors : Zou Zhiliang
Costumes : Li Chia-Chih
Chorégraphie des combats : Han Ying-chieh, Pan Yaokun
Production : Sha Yung-fong , International Film Production, Union Film Company, Lian Bang Company
Interprètes : Hsu Feng (Yang Huizhen), Shih Chun (Gu Shengzai), Bai Ying (le général Shih Wen-chiao), Han Yingjie (Wei), Tien Peng, Roy Chiao
Sortie à Hong Kong : 18 novembre 1971
Présentation au Festival de Cannes : 21 mai 1975
Sortie en France : 30 juillet 1986
Restaurations 4K financées par Mme Hsu Feng et menée par le Taiwan Film Institute, sous l'égide du Ministère de la Culture de Taïwan, au laboratoire L’Immagine Ritrovata.
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