Adieu Poulet

Quoique spécialiste de l'adaptation de romans psychologiques, signés Georges Duhamel, Félicien Marceau et surtout Georges Simenon (Le Chat, La Veuve Couderc, Le Train), Pierre Granier-Deferre avait déjà filmé une Série Noire, La Horse (1970).  Cette fois, c'est à la collection Super Noire (et à son premier numéro) qu'il fait appel.Adieu poulet est tiré du roman éponyme de Jean Laborde, publié sous le pseudonyme de Raf Vallet, le chroniqueur judiciaire de L’Aurore craignant de révéler son nom alors qu’il s’attaquait à la corruption policière.

L’histoire est celle d’un fait divers, la fusillade de Puteaux, qui fit la une des journaux en 1971. Ici, un policier confirmé se heurte à un homme politique au cours d’une enquête criminelle, tandis qu’un jeune flic idéaliste perd ses illusions à mesure que l’enquête avance. La motivation du commissaire Verjeat est la recherche de la vérité, mais il découvre que tous les témoignages n’ont pas la même valeur dans cet imbroglio politicien. Si le sien et celui du défunt policier en sont dépourvus, il espère que celui  de l'ouvrier, père du colleur d’affiche assassiné, sera entendu.

Pierre Granier-Deferre s’entoure des meilleurs, à commencer par le dialoguiste Francis Veber, dont on reconnait la patte. Fidèle à son écriture empreinte d’humour, celui-ci associe deux caractères opposés : le vieux policier bourru et le jeune flic dynamique. Et le cinéaste confie les rôles principaux à des valeurs sûres : Lino Ventura, Patrick Dewaere, qui interprète pour la première fois un flic,  ainsi que Victor Lanoux et Claude Rich.

Si le film n’a pas de portée pamphlétaire, il semble qu’il soit, pour Pierre Granier-Deferre et son scénariste, « une façon polie de dire des choses sérieuses ». Et d’ajouter : « le policier traditionnel… ne soulève pas plus de questions qu’il ne pose de véritables problèmes. »

Le réalisateur, reconnu pour être un très bon « raconteur d’histoires » réussit ici à restituer l’atmosphère de la vie de province, et à donner à ses collègues cinéastes l’envie d’adapter d’autres romans de Raf Vallet, comme le fera Georges Lautner, deux ans plus tard, avec Mort d’un pourri.