Des années 1920 à 1960, avant l’accession à l’indépendance d’un grand nombre de pays d’Afrique, le cinéma africain est quasiment inexistant, et lorsque les Européens filment le continent, ce n’est qu’à travers un regard extérieur, celui du colonialisme, offrant aux différents peuples une représentation erronée (à l’exception des films du cinéaste et ethnologue Jean Rouch, mais qui n’étaient pas d’abord destinés à un public).
En vertu du décret Laval, ministre des Colonies dans les années 1930, chaque projet de film est soumis à autorisation, après vérification du scénario. La censure peut même intervenir après réalisation, comme ce fut le cas, en 1950, pour le documentaire de Robert Vautier Afrique 50, qui se déroule en Côte d’Ivoire, première réalisation française anticolonialiste, ainsi qu’en 1953 avec le court métrage d’Alain Resnais, Ghislain Cloquet et Chris Marker, Les statues meurent aussi (1953) qui montrait la domination de l’art occidental sur l’art africain.
Dans ce contexte, Paulin Soumanou Vieyra, premier Noir africain à avoir fait l’Idhec, et ses amis Mamadou Sarr, Robert Caristan et Jacques Melo Kane, n’obtiennent pas l’autorisation de tourner en Afrique. Ils réalisent alors, sous le patronage du Comité du film ethnographique, le court métrage Afrique sur Seine, qui montre « quelques aspects de la vie des Africains à Paris » (Paulin Soumanou Vieyra, Le Cinéma africain des origines à 1973, Présence africaine).
Le court métrage expose les interrogations d’étudiants sur leur identité, leur civilisation, leur culture et leur avenir. La voix off se demande si l'Afrique est seulement en Afrique ou aussi au bord de la Seine ?
Paulin Soumanou Vieyra, qui sera par la suite le pionnier de la critique cinématographique africaine, prône un cinéma au service du peuple. À la naissance du cinéma d'Afrique noire, le premier mouvement des cinéastes africains sera donc de revendiquer l’authenticité de leur regard sur leur propre réalité.
« En 1955, lorsqu'un petit noyau d'Africains et d'Européens discutait de cinéma dans les salles enfumées d'Europe, on ne leur prêtait guère attention. En voulant un cinéma africain, en travaillant à son avènement, à l'époque, ils combattaient pour l'indépendance à leur manière ; car il ne faisait aucun doute que seule la souveraineté nationale des pays africains permettrait l'expression cinématographique de la réalité authentiquement africaine ». (Paulin Soumanou Vieyra, op. cit.)
Afrique sur Seine
France, 1955, 21 min, noir et blanc, format 1.37
Réalisation : Paulin Soumanou Vieyra, Mamadou Sarr
Scénario : Mamadou Sarr
Photo : Robert Caristan
Montage : Paulin Soumanou Vieyra
Production : Groupe Africain
Restauration 2 K par Éclair, supervisée par PSV Films, portée par la Cinémathèque Afrique de l’Institut français.
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