Ancien pilote pendant la Première Guerre mondiale, Henri Decoin a, selon ses propres mots, « réalisé Au grand balcon avec une espèce de jeunesse retrouvée ». Entouré de "gars du bâtiment", il n’en sera que plus serein : aux côtés de Marcel Rivet au scénario, le grand reporter Joseph Kessel, ami et biographe de Jean Mermoz et auteur de L'Équipage, et à la production, Raymond Borderie, ancien radio dans la section militaire de Decoin.
Derrière les personnages de Carbot et de Fabien, c’est bien le souvenir de Didier Daurat, le directeur des lignes aériennes Latécoère, et des pilotes Guillaumet, Mermoz et Saint-Exupéry qui est convoqué... Au grand balcon conte l’histoire d’une poignée d’hommes qui, au lendemain de la guerre, ont encore soif d’aventures. Carbot veut développer les liaisons aériennes civiles et postales, repoussant les limites humaines et techniques. C'est unpatron flegmatique et monosyllabique (brillamment campé par Pierre Fresnay), un génie de l’organisation qui envoie à la mort des hommes qui ne savent pas lui dire non. Au grand balcon est l'histoire de pionniers en lutte contre les éléments, et dont la foi en leur mission permettra le développement de la ligne, de Toulouse à Casablanca, puis Dakar, Natal et la cordillère des Andes. Car le personnage principal est bien la ligne, cette « amante exigeante et capricieuse » comme le soulignait Jean Néry (L’Écran français, 28 novembre 1949).
La mise en scène d’Henri Decoin est soignée, au service d'un scénario construit de manière linéaire, afin de saisir au mieux ces héros dans leur intimité, entre les expéditions et leur quotidien turbulent et joyeux au sein de la pension. Henri Decoin défendra ce parti pris, résumant ce que le film représente pour lui : « Une histoire d’hommes que j’ai voulu traiter simplement, humainement, sans effets grandiloquents. Je crois que la vraie mise en scène est celle qui ne se voit pas. Je crois aussi que la technique n’a pas d’âme. […] Ces hommes-là, je les ai connus, il y a une trentaine d’années, quand moi aussi j’étais un commencement d’homme, et que comme eux je sentais l’huile de ricin… Je n’ai pas voulu les trahir. Je les ai campés à la bonne franquette, tels qu’ils étaient, avec leur âme toute neuve, leur cœur gros comme ça et leur courage qui n’avait que vingt ans. » (Cinémonde, 5 septembre 1949)
Au grand balcon
France, 1949, 1h56, noir et blanc, format 1.37
Réalisation : Henri Decoin
Assistant réalisation : Bernard Borderie
Scénario : Joseph Kessel, Marcel Rivet
Photo : Nicolas Hayer
Musique : Joseph Kosma
Montage : Annick Millet
Décors : René Renoux
Production : Raymond Borderie, C.I.C.C. - Compagnie Industrielle et Commerciale Cinématographique, S.I.B.I.S.
Interprètes : Pierre Fresnay (Carbot), Georges Marchal (Fabien), Félix Oudart (Garandoux), Janine Crispin (Mlle Maryse), Germaine Michel (Mlle Adeline), Jean Vinci (Faivret), Abel Jacquin (Darboin), André Bervil (Triolet), Jacques Tarride (Macherel), Robert Arnoux (Vuillemin), Suzanne Dehelly (Mlle Françoise), Clément Thierry (Didier), Paul Azaïs (Morel), Nina Myral (Mme Viard), André Darnay (Armezac), Pierre Cressoy (Charlier), Jean Gaven (Bellefort), Jean-Pierre Mocky (non crédité)
Présentation au Festival de Cannes : 6 septembre 1949
Sortie en France : 30 novembre 1949
Ressortie DVD/Blu-ray par Pathé Films le 7 novembre 2018
Restauration 4K en 2017 par Pathé avec le soutien du CNC – Archives françaises du film au laboratoire L’Immagine Ritrovata, à partir des négatifs originaux 35mm. Le film sortira en combo DVD/Blu-ray, l’édition contiendra plusieurs suppléments : un documentaire de 45 min avec Olivier Margot et Didier Decoin intitulé La Ligne de conduite, ainsi que 3 archives sur L’Aéropostale issues des actualités Pathé d’époque.
Ce site nécessite l'utilisation d'un navigateur internet plus récent. Merci de mettre à jour votre navigateur Internet Explorer vers une version plus récente ou de télécharger Mozilla Firefox. :
http://www.mozilla.org/fr/firefox