Baptême

Juste après avoir réalisé La Communion solennelle en 1977, où il dépeint l’histoire d’une famille (la sienne) du nord de la France depuis 1890, en l’enracinant dans son contexte historique, René Féret se lance dans l’écriture d’un roman qui retrace l’histoire de ses parents. N’étant pas encore prêt pour aborder l’histoire de ce couple, il abandonne le projet et réalise plusieurs films non-autobiographiques. Dix ans s’écoulent avant qu’il ne revienne à l’écriture. Il s’appuie alors sur une photo qu’il a vu posée sur le piano familial durant toute son enfance, celle d’un petit garçon de 4 ans, mort accidentellement dix ans avant sa propre naissance et dont il porte le prénom. René. Re-naît. « D’une certaine façon, cet enfant mort dont je porte le nom est à l’origine de mon désir de faire du cinéma et Baptême est une façon de lui redonner la vie. » (René Féret). Baptême sort en salles et quelques mois plus tard, le roman éponyme est publié, « un mélange d’anecdotes inventées sur un fond de réalité et de vérité », selon son auteur.

René Féret déploie cette chronique familiale, courant de 1935 à 1962, en quatre mouvements, de la naïveté des années 1930 à la crise des années 1940, en passant par la grisaille des années 1950 et le début des années 1960. Mais il se dispense des grands événements historiques : pas de politique, pas de soubresauts de l’actualité, c’est au sein de cette famille, entre Pierre et Aline, dans ce va-et-vient quotidien du temps qui passe et des enfants qui grandissent que se trouve le cœur de cette histoire : le destin collectif d’une certaine France.

« Le style du film ne recherche pas le spectaculaire, il laisse de côté tout ce qui pourrait rattacher les personnages à l’histoire. Féret a cherché à tout prix une sorte de célébration discrète et authentique de ce que fut sa famille. Son film n’en a que plus que de prix, peut-être aussi parce qu’il se situe loin des modes. » (Bernard Nave, Jeune Cinéma n°197, octobre 1989)