Chocolat

Née à Paris, Claire Denis passe son enfance sur le continent africain. Après avoir lu Retour en Afrique de Chester Himes, elle décide de s’en inspirer pour rédiger le scénario de son premier long métrage, Chocolat.

Avant de devenir réalisatrice, Claire Denis a été, durant une quinzaine d’années, l’assistante de cinéastes tels que Jacques Rivette, Costa-Gavras ou Wim Wenders. Elle continue d’ailleurs d’assister ce dernier sur Les Ailes du désir (1987) lorsqu’elle réalise de son côté Chocolat.

Le film est tourné à Yaoundé pour la partie contemporaine et à Mindif pour les années 1950, dans une province de l’extrême nord camerounais. La cinéaste filme la fameuse Dent de Mindif, souvenir de ses lectures enfantines et de Cinq semaines en ballon dans lequel Jules Verne évoquait cette montagne au centre du village.

Son film, aux accents autobiographiques, repose sur sa mémoire et la volonté de montrer l’Afrique autrement, en respectant son peuple et à ses traditions. « À travers une certaine façon de se souvenir, je veux avoir des propos beaucoup plus larges, en particulier sur la relation que l’on a aujourd’hui avec l’Afrique et avec les Africains » (Claire Denis).

Tous les événements sont perçus par les yeux de la petite fille ou du boy, à distance des adultes "coloniaux", ce qui permet à Claire Denis d’étudier les rapports pervertis entre dominants et dominés. Tenus à l’écart du monde des adultes, Protée et France sont complices, associés par leur situation. La relation forte qui les unit se fait dans le silence. Protée parle peu mais son image dit beaucoup ; il reflète « la dignité d’une terre ».

« J’ai voulu raconter à peine un instant de la mémoire blanche, la violence secrète qui en émanait, évoquer ou invoquer les hommes d’Aimé Césaire : " ceux sans qui la terre ne serait pas la terre". » (Claire Denis).