College

College est sans doute né à la suite du grand succès de Vive le sport (The Freshman, 1925), film de  Fred C. Newmeyer et Sam Taylor, avec pour vedette Harold Lloyd. Le dernier film de Keaton, Le Mécano de la "General", ayant été un gouffre financier, le producteur Joseph M. Schenck songe à cesser sa collaboration historique avec l'acteur. La mode est alors aux films sportifs et aux films pour la jeunesse autour de la vie universitaire. Keaton propose à son producteur un film à tout petit budget tourné sans grands décors spécifiques. Ce sera College.

Keaton y est Ronald, intellectuel, fort en thème. Lorsque pour séduire sa belle, elle-même sous le charme des exploits physiques de Jeff, un étudiant athlétique, il décide de se lancer dans la compétition, rien n’y fait, il accumule les échecs. C’est lorsque Mary se trouvera en danger qu’il sera capable de toutes les performances sportives. Comme quoi, il suffit d’avoir un véritable objectif…

Buster Keaton est un authentique sportif, qui exécute, depuis toujours, toutes ses cascades lui-même. Mais ici, l’épreuve du saut à la perche à une hauteur de plus de 4 mètres est hors de portée, sans un long – et forcément coûteux – entraînement. Pour la première et dernière fois de sa carrière, il sera doublé, ici par Lee Barnes, 21 ans, champion olympique de la spécialité. Pour le reste du film et toutes les épreuves de ce pentathlon cinématographique, Keaton-l’athlète sera largement à la hauteur.

Cette satire des campus américains, où le sport est roi, est un des chefs-d’œuvre méconnus de Buster Keaton. Le critique Claude Beylie écrira en 1974 : « Buster est ici à la fois le prince étudiant et le guerrier de Marathon, Romeo et Ajax, cœur fier, âme noble, mollet d’acier. […] C’est l’illustration la plus parfaite et la plus concise que je sache de la célèbre formule : "Mens sana in corpore sano".» (Écran n°23, mars 1974)