Délice Paloma

Pour son troisième long métrage, trois ans après Viva Laldjérie, où il filmait une Algérie interdite, faite de prostituées, de paumés et de voleurs, Nadir Moknèche poursuit l’exploration de son pays d’origine avec cette histoire d’une maquerelle explosive, adepte de combines en tous genres.

Il dirige pour la troisième fois Biyouna,  immense vedette en Algérie. À la demande de Nadir Moknèche, la star vient en 1999 en France, où elle poursuit une carrière de chanteuse et d’actrice au théâtre, au cinéma et à la télévision. « Il m’a convaincue de venir à Paris, alors que je ne voulais pas quitter le peuple algérien, qui traversait une décennie noire. Il a trouvé le tragique en moi alors qu’on m’avait toujours considérée comme une comique. » (Biyouna)

Souvent comparé à Pedro Almodóvar pour les thèmes féminins qu’il aborde, Nadir Moknèche livre un portrait de l’Algérie, prise entre désir de modernité et poids de la tradition. Un regard juste sur la complexité algérienne. Madame Aldjéria, femme forte et ancienne prostituée devenue maquerelle, représente l’aspiration au changement et à la liberté. Ce personnage incarne également la volonté de s’en sortir et de changer de quotidien, souvent par le biais de magouilles, petites ou grandes. Un slogan pour vendre ses services : « Madame Aldjéria vous arrange ça ».

Dans Viva Laldjérie, Nadir Moknèche montrait pour la première fois dans l’histoire du cinéma algérien des scènes de nu et évoquait sans détour l’homosexualité. Il dessine ici une Algérie en mutation, tout en montrant la diversité de sa culture.

« Porté par son actrice principale, la flamboyante Biyouna, icône vivante de la culture populaire algérienne qui évoque tour à tour Mamma Roma et les divas d’Almodóvar, le film est à son meilleur lorsqu’il prend le temps de parcourir les lieux les plus verts et les plus paisibles d’Alger pour arracher au temps qui passe et aux dures réalités économiques de précieux moments de bonheur. » (Philippe Rouyer, Positif n°557-558, juillet 2007)