Hibiscus Town

Hibiscus Town est une adaptation du roman Fu rong zhen de Gu Hua, récompensé par le prestigieux prix littéraire Mao Dun en 1982. Gu Hua, lui-même victime de la Révolution culturelle, rend compte dans son œuvre des excès des politiques alors en cours dans les campagnes chinoises.

Le cinéaste Xie Jin, né en 1923 dans une famille lettrée, se lance dans le cinéma dès les années 1950, enchaînant plusieurs succès populaires. Mais lors de la Révolution culturelle (1966-1976), sa famille est dénoncée comme contre-révolutionnaire et ses parents se suicident. Quant à lui, il sera condamné à balayer les studios de Shanghai, avant de subir un exil forcé dans la campagne chinoise. C’est Jiang Qing, ancienne actrice, et épouse de Mao Zedong, qui le fera revenir pour réaliser trois films de commande entre 1972 et 1976.

Fortement marqué par ces événements, Xie Jin prend par la suite ses distances avec le régime. Dénonçant les excès de la Révolution culturelle, il réalise La Légende du mont Tianyun en 1980 et Le Gardien de chevaux en 1982. Hibiscus Town est considéré comme le dernier volet de la trilogie.

Mélodrame politique, Hibiscus Town, dont la beauté des images subjugue, montre la stigmatisation d’un couple, qui, ayant trop bien réussi, se voit devenir l’objet de la vindicte du régime. C'est aussi le portrait d’une femme courageuse, interprétée par Liu Xiaoqing, considérée comme « paysanne riche », et qui, déclassée,  devenue balayeuse de rue, bascule peu à peu dans la folie.

« Hibiscus Town est une tragédie, une tragédie unique qui ne s’est passée qu’en Chine, et nulle part ailleurs. Pourquoi ? C’est la première question que nous devons nous poser… Cette tragédie mêle réalisme et symbolisme ; elle comporte des éléments comiques et des touches d’absurdité, mais le rire qu’ils suscitent est tragique. C’est le genre de rire qui devrait nous amener à une profonde réflexion. C’est une tragédie lyrique visant à glorifier la nature humaine et sa beauté, et la lutte pour la survie… » (Xie Jin)