Il était une fois dans l’Ouest

Le succès mondial de la trilogie du Dollar de Sergio Leone ne pouvait laisser Hollywood indifférent : la Paramount offre au cinéaste la réalisation d’un western dans les paysages historiques de Monument Valley en Arizona, avec des acteurs américains (et italiens). « Il était une fois dans l’Ouest a commencé, sous le prétexte d’une histoire inexistante avec des personnages conventionnels […] que nous avons placés dans un contexte épique, celui du premier boom économique qui allait causer la disparition de la grande époque romantique de l’Ouest. » (Sergio Leone cité par Christopher Frayling,  Sergio Leone, Quelque chose à voir avec la mort, Institut Lumière/Actes Sud). En conservant son habituelle équipe (chef opérateur, monteur, musicien, costumier), Leone fait appel à Charles Bronson et surtout Henry Fonda, à qui il confie son premier rôle à contre-emploi. La conscience démocratique de l’Amérique devenue un chef de bande tueur d’enfants : le pari était difficile, Leone et Fonda le gagnent superbement.

L’intelligence du scénario (Bernardo Bertolucci et Dario Argento y prêtent la main), la précision avec laquelle est recréée l’époque (la jonction de l’Est et de l’Ouest par le cheval de fer), une mise en scène où les procédés souvent reprochés à l’auteur (gros plans, cadres, action suspendue) sont en situation, et un véritable personnage féminin – ce dont Leone avait toujours fait l’économie -, campé par une impériale Claudia Cardinale : la fête était réussie, et ni la critique, ni le public ne s’y sont trompés. Le film fit un tabac – sauf aux États-Unis où il fut remonté et dénaturé – inaugurant la vogue des titres Il était une fois…, lançant la mode des longs manteaux de cuir fauve et boostant la vente des harmonicas.

« Je voulais réaliser un ballet de mort en prenant comme matériaux tous les mythes ordinaires du western traditionnel : le vengeur, le bandit romantique, le riche propriétaire, le criminel, la putain. À partir de ces cinq symboles, je comptais montrer la naissance d'une nation. » (Sergio Leone)