1971. L’époque est au tout-politique, et la citation de Mao qui ouvre le film ne surprend personne, même si, aujourd’hui, la plupart des spectateurs l’ont oubliée. Le cadre n’est pas neutre : dans cette nouvelle trilogie de l’Amérique inaugurée avec les pionniers du vieil Ouest du film précédent et qui devait s’achever avec la crise de 1929 du film suivant, le Mexique à l’heure de Pancho Villa est une affaire interne pour les États-Unis, comme Viva Villa de Jack Conway et Howard Hawks (1934), Viva Zapata ! d’Elia Kazan (1952) ou Les Professionnels de Richard Brooks (1966)l’ont montré. Le bon et le truand étaient rattrapés par la guerre de Sécession, le dynamitero irlandais et le casseur de banques local le sont par la révolution mexicaine.
Sous ses apparences ludiques et spectaculaires, le film trace aussi l’itinéraire d’une prise de conscience : si Sean est un révolutionnaire professionnel (membre du Sinn Fein, l’IRA n’étant pas encore née), Juan, qui considérait que la révolution « est faite par les riches qui manipulent les pauvres », va basculer dans le combat aux côtés de ses compatriotes. Même si Leone s’était toujours gardé de communiquer sur les questions politiques, il ne pouvait échapper à son temps et la charnière des années 1960 et 1970 était une période où l’on devait être concerné. Leone fut parfois soupçonné d’être un anti-révolutionnaire, au sens où on l’entendait alors. Pourtant que dit le film ? Que la révolution ne peut être faite que par et pour le peuple, et le peuple tel qu’il est. Un peuple qui comme Juan éructe, élève ses enfants et rêve de braquer des banques.
« Je suis pessimiste par nature. Chez John Ford, les gens regardent par la fenêtre avec espoir. Moi, je montre des gens qui ont peur, ne serait-ce que d’ouvrir la porte. Et s’ils le font, ils ont de grandes chances de se prendre une balle entre les deux yeux. Voilà, c’est la réalité des choses. La politique n’est jamais absente de mes films. Et dans ces films, les anarchistes sont les personnages qui disent la vérité. Je les connais bien car mes idées sont proches des leurs. » (Sergio Leone in Sergio Leone, quelque chose à voir avec la mort, Christopher Frayling, Institut Lumière/Actes Sud)
Le film éclate littéralement de mille feux, au rythme des explosions réglées par Sean. Ne recherchant que le pur plaisir de la narration, il fut accueilli moins consensuellement que le précédent : par la critique, évidemment, car le public, lui, le goûta sans états d’âme.
Il était une fois... la révolution (Giù la testa)
Italie, 1971, 2h37, couleurs (Technicolor), format 2.35
Réalisation : Sergio Leone
Scénario : Sergio Leone, Sergio Donati, Luciano Vincenzoni, d’après une histoire de Sergio Leone et Sergio Donati.
Photo : Giuseppe Ruzzolini
Musique : Ennio Morricone
Montage : Nino Baragli
Décors : Andrea Crisanti
Costumes : Franco Carretti
Production : Fulvio Morsella, Rafran Cinematografica, EIA – Euro International Film, San Marco Cinematografica
Interprètes : James Coburn (Sean Mallory), Rod Steiger (Juan Miranda), Romolo Valli (Dr. Villega), David Warbeck (Nolan, l’ami de Sean), Maria Monti (Adelita, la femme de la diligence), Rik Battaglia (Santerna), Franco Graziosi (le Gouverneur)
Sortie en Italie : 29 octobre 1971
Sortie en France : 29 mars 1972
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