Infidèle

Après Entretiens privés, que Liv Ullmann a réalisé pour la télévision en 1996, Ingmar Bergman offre à l'actrice-cinéaste un second scénario, Infidèle, avec lequel elle tournera son quatrième long métrage. Le film commence par une séquence en plein air, empreinte de l’atmosphère de l’île de Fårö, indissociable du paysage bergmanien, dans le décor même où l’actrice apparut pour la première fois dans Persona.

Tiré d’un épisode réel de la vie du réalisateur, Infidèle met en scène un écrivain qui essaie de se souvenir et de créer. Pendant longtemps, Bergman a tenté de venir à bout de son scénario, mais il lui aura fallu attendre la rencontre avec l’actrice Lena Endre pour que celui-ci prenne forme.  « J’ai écrit à Fårö en pensant à Lena tout le temps. Elle était pour moi une grande inspiration, parce que j’aime son instrument. Elle est comme un Stradivarius. Elle a toutes les ressources, toutes les possibilités. C’est un instrument sans limites. (Ingmar Bergman, Cahiers du cinéma n°551, novembre 2000)

Liv Ullmann incite en vain plusieurs fois Bergman à tourner le film lui-même. Mais il semble évident pour celui-ci de devoir laisser son récit à une autre voix, une voix féminine. « J’apprécie l’extrême sensibilité de Liv quand il s’agit de parler des femmes, et le film est avant tout un portrait de femme. » (Cahiers du cinéma n°526, juillet-août 1998)

Au scénario, Liv Ullmann ajoute alors un personnage d’enfant, qui, selon elle, est la vraie victime de ce drame familial. « Aucune forme d’échec de tous les jours, ni la maladie, ni la ruine, ni l’adversité professionnelle, ne résonne aussi profondément et aussi cruellement dans l’inconscient qu’un divorce. Ça touche directement l’origine de toutes les angoisses et les ravive. Ça vous assène un seul coup, qui vous pénètre profondément, aussi loin que la vie elle-même. » (le dramaturge allemand Botho Strauss cité par Ingmar Bergman, Cahiers du cinéma n°526, op. cit.).