Jane Fonda in Five Acts

Vingt et une heures d’entretiens avec Jane Fonda. Un matériau brut, une vie déroulée face caméra. C’est de cet entretien fleuve, de nombreuses images d’archives (dont on voit ici la puissance d’évocation) et des entretiens avec les proches de l’actrice, qu’est né Jane Fonda in Five Acts, signé parla productrice et documentariste Susan Lacy.

Star mondiale, Jane Fonda est une femme multiple. Elle a été convoitée avec Barbarella, elle a été haïe (certains ne lui ont toujours pas pardonné) et baptisée "Hanoï Jane" lorsqu'elle militait contre la guerre du Viêt-nam. Elle est l’un des visages du nouveau cinéma américain des années 1970 et une femme citoyenne, une femme de conviction, figure phare du mouvement féministe, engagée à une époque où sa position était plus un préjudice qu’un avantage. Elle a accueilli, à bras largement ouverts, tous les rôles de son époque.

Susan Lacy évoque une star, magnétique et vulnérable. Dans ce voyage singulier, Jane Fonda, d’une honnêteté et d’une lucidité remarquables, évoque sa vie (son héritage hollywoodien, sa famille et cette figure paternelle enfermée dans une incapacité émotionnelle), ses pas de côté, ses erreurs.

Elle estime s’être longtemps définie par rapport à quatre  hommes, son père et ses trois époux, des figures fortes, à l’ombre desquelles elle évoluait cachée. Le portrait reprend à son compte cette construction : Acte 1 : Henry Fonda. 2 : Roger Vadim. 3 : Tom Hayden. 4. Ted Turner. Le cinquième acte est le sien. Celui de la douloureuse quête de soi.

Jane Fonda et Susan Lacy espéraient que leur film serait inspirant. Il l’est. Il est aussi d’une actualité criante. « Le mouvement MeToo a pour but de faire avancer la société, mais aussi, inévitablement, de regarder en arrière – reconsidérant tous les biais par lesquels une société qui se pensait "moderne" continuait de dénigrer les femmes, parfois même sous couvert d'une action progressiste. Cela fait de Jane Fonda in Five Acts, film confession vivant et plaisant, à l’heure de ce bouleversement tectonique, un portrait d’Hollywood étonnement opportun et retentissant. » (Owen Gleiberman, Variety, 21 janvier 2018)