« Jonas qui aura 25 ans en l’an 2000 pourrait être un film réaliste, romantique, politique ou une tragédie légère. Cela pourrait être aussi un film de science-fiction, pour des gens qui ne sauraient pas ce que cela veut dire… Voilà : une tragi-comédie dramatique de science-fiction politique… » (Alain Tanner)
Mélange de gravité et d’humour, de personnages livrés à leurs pensées et à leurs fantasmes dans un monde qui n’est pas fait pour eux, Jonas qui aura 25 ans en l’an 2000, est un film allégorique. Chacun des huit personnages, que le cinéaste qualifie de "petits prophètes", porte en lui une part des utopies éveillées en mai 1968. Le propos d’Alain Tanner est de raconter ce qui arrive à des personnes qui n’étaient pas particulièrement actives en mai 1968, ni conscientes, ni même pour la plupart politisées, sept ans après. Et de globaliser la vision du rapport de l’individu à la société.
Comme le souligne Serge Daney, les huit prénoms commencent par "Ma", rappelant à la fois le Ma de ma-i et de ma-ternel. L’espoir se loge dans la génération à venir, dans Jonas, qui aura donc 25 ans en l’an 2000. « Jonas est un film didactique sans leçon, un film encyclopédique sans conclusion, un film libre. » (Alain Tanner, Ciné-mélanges, Seuil). Un éloge de l’enfance au sein de la génération 68.
« On pourrait dire en sous-titre : comment sortir du XXe siècle. Car il s’agit d’un film ouvert, d’un film sur les espoirs, ceux qui correspondent à un désir profond de changement et qui ont trouvé leur expression sur le devant de la scène en 1968. Changer le monde, disait Marx. Changer la vie, disait Rimbaud. Le monde étant ce qu’il est, écrasé par les institutions, la charnière de 1968 représente un recul du politique – une méfiance grandissante envers ceux qui proclament changer le monde – doublé d’un désir toujours plus vivace de vouloir changer sa vie. » (Alain Tanner)
Jonas qui aura 25 ans en l’an 2000
Suisse, France, 1976, 1h55, couleurs (Eastmancolor), format 1.66
Réalisation : Alain Tanner
Scénario : Alain Tanner, John Berger
Photo : Renato Berta
Musique : Jean-Marie Sénia
Montage : Brigitte Sousselier
Décors : Yanko Hodjis
Production : Yves Gasser, Yves Peyrot, Action Films, Citel Films, Société Française de Production, Télévision Suisse-Romande
Interprètes : Jonas, Jean-Luc Bideau (Max Satigny), Myriam Boyer (Mathilde Vernier), Raymond Bussières (Charles), Jacques Denis (Marco Perly), Roger Jendly (Marcel Certoux), Dominique Labourier (Marguerite Certoux), Myriam Mézières (Madeleine), Miou-Miou (Marie), Rufus (Mathieu Vernier)
Présentation au Festival de New York : 2 octobre 1976
Sortie en France : 1er décembre 1976
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