Adaptée des mémoires d’une des plus grandes dramaturges américaines, Lillian Hellman, Julia est le portrait de deux femmes aux parcours différents, dans une Europe frappée par la montée du nazisme. Son réalisateur, Fred Zinnemann, d’origine autrichienne, a quitté son pays en 1930. Ce climat oppressant de péril imminent, il en a des souvenirs précis, près de quarante ans après les événements.
Lillian est fascinée par Julia (magnifique Vanessa Redgrave, d’une simplicité impériale). Lorsque celle-ci disparaît après son hospitalisation à Vienne, son souvenir ne quittera pas Lillian. Trois ans plus tard, sur le chemin de Moscou, invitée à un festival de théâtre, elle reçoit enfin des nouvelles de son amie, devenue clandestine, qui lui demande de l’aide : transporter de Paris à Berlin 50 000 dollars pour aider à délivrer des Juifs et des compagnons de lutte antinazis. Au nom d’une amitié indéfectible, Lillian, Juive américaine, s’embarque dans un voyage ferroviaire quasi initiatique. Tout est menaçant dans ce train. Le suspense et la peur sont palpables.
« Si elle fait ce qui lui est demandé – passer 50 000 dollars dans une toque de fourrure –, ce n’est pas tant par conviction que par amour. Et ce qui fait l’indubitable beauté de toute cette partie du film, et sa profonde intelligence, c’est que toutes les maladresses, les hésitations, les ridicules qui affectent, au cours de son voyage et jusqu’au terme de celui-ci, le comportement de Lillian, sont autant des ridicules, des maladresses, des hésitations d’amoureuse que d’espionne amateur. Le défaut de savoir-faire est le signe de l’amour – et, il faut le dire, le jeu, le savoir-faire de Jane Fonda est ici admirable à mimer ce défaut. » (Pascal Bonitzer, Cahiers du cinéma n°286, mars 1978)
On ne connaît pas les parts de fiction et de réalité dans le récit original de Lillian Hellman. Ce qui est certain, c’est que la dramaturge signa par la suite une œuvre militante, et deviendra une antifasciste convaincue, engagée en Espagne auprès d’Hemingway. Et lorsque l’Amérique s’enfoncera dans une chasse aux sorcières hystérique, elle et son compagnon Dashiell Hammet refuseront de collaborer avec la Commission parlementaire sur les activités anti-américaines.
Julia
États-Unis, 1977, 1h57, couleurs, format 1.85
Réalisation : Fred Zinnemann
Scénario : Alvin Sargent, d’après la nouvelle Julia in Pentimento de Lillian Hellman
Photo : Douglas Slocombe
Musique : Georges Delerue
Montage : Marcel Durham, Walter Murch
Décors : Gene Callahan, Carmen Dillon, Willy Holt
Costumes : Anthea Sylbert
Production : Richard Roth, Twentieth Century Fox
Interprètes : Jane Fonda (Lillian), Vanessa Redgrave (Julia), Jason Robards (Dashiell Hammett), Hal Holbrook (Alan), Rosemary Murphy (Dottie), Maximilian Schell (Johann), Dora Doll (la passagère), Meryl Streep (Anne Marie), Elisabeth Mortensen (la jeune passagère), John Glover (Sammy), Lisa Pelikan (Julia, jeune), Susan Jones (Lillian, jeune), Maurice Denham (le croque-mort), Gerard Buhr (l'officier préposé aux passeports), Cathleen Nesbitt (la grand-mère), Ark Metcalf (Pratt), Stefan Gryff ("Hamlet"), Phillip Siegel (le petit garçon)
Sortie aux États-Unis : octobre 1977
Sortie en France : 25 janvier 1978
Restauration par la Twentieth Century Fox.
Avec le soutien de BNP Paribas
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