L’Affaire des poisons

À la fin des années 1670, des scandales liés à des empoisonnements éclaboussent la Cour et des personnalités de la noblesse. Le Tout-Paris est en émoi, entre terreur et excitation. La chasse aux sorcières et aux empoisonneuses est ouverte.

Henri Decoin, toujours curieux de s’essayer à des genres nouveaux, décide de transposer cette histoire au cinéma en se penchant particulièrement sur le personnage de Madame de Montespan, favorite de Louis XIV jusqu’à l’arrivée d’une rivale, plus belle et plus jeune. Le spectateur est prévenu, le film est inspiré de faits réels.

Bien que réunissant un casting de choix (Danielle Darrieux et Viviane Romance, deux des plus célèbres comédiennes du moment), L’Affaire des poisons est vilipendé par une partie de la critique : « Il faut tout d’abord remarquer que la censure n’a pas jugé bon d’interdire L’Affaire des poisons aux moins de 16 ans. On se demande à quels critères peut bien se référencer la commission. Un film aussi odieusement déplaisant de la première à la dernière image, un film dans lequel les scènes de torture sont presque des moments de détente comparées à l’abjection, à la fange sordide dans laquelle on nous vautre de force, ne me paraît pas particulièrement destiné à des oreilles innocentes – aux autres non plus d’ailleurs. Messes noires, invocations au diable, scènes de confessions publiques à rebours (chacun criant avec orgueil ses vices et ses tares dans une sorte de délire sadique), rien qui ne nous soit épargné. » (Claude-Marie Trémois, Radio Cinéma Télévision, 20 novembre 1955)

Ce film à l’atmosphère pesante et angoissante, baignant dans une photographie sombre et terreuse, détonne dans la production française de l’époque, et crée l’émoi. Depuis, pour le critique Olivier Père, « Decoin se rapproche des films de la Hammer réalisés par Terence Fisher ou des mélodrames historiques italiens de Freda, ce qui n’est pas un mince compliment. […] L’Affaire des poisons flirte avec l’horreur. »