« Il est tout à fait naturel qu’un cinéaste se baigne plus d’une fois dans la même source… Il s’agit, comme dans L’Empire des sens, d’un homme et d’une femme qui n’hésitent pas à confondre leur existence réelle avec leurs pulsions sexuelles les plus profondes. Aujourd’hui, rien ne m’intéresse autant que d’approcher les formes diverses que revêt l’amour chez des êtres qui ne peuvent être sauvés par l’amour. » (Nagisa Ôshima, Positif n°206, mai 1978)
Après avoir tourné L’Empire des sens en 1976, Nagisa Ôshima reçoit le manuscrit d’Itoko Nakamura, Takashi Nagatsuka – Trois générations pour rendre une terre fertile, qui conte la vie de l’écrivain Takashi Nagatsuka (1879-1915) et évoque l’affaire du meurtre d’un conducteur de pousse-pousse. Poursuivant sa collaboration avec le producteur français Anatole Dauman, le cinéaste décide de l’adapter.
Bien qu'il forme un diptyque avec L’Empire des sens, L’Empire de la passion n’en constitue pourtant pas la suite. Tout en basant ses films sur des faits divers authentiques, le réalisateur développe ici différemment ses deux sujets de prédilection, le sexe et le crime. Nagisa Ôshima semble vouloir cacher l’acte d’amour qu’il dénudait dans son film précédent. Il n’est plus question des sens, mais de la passion nue. Et s’il détournait la mort pour qu’elle devienne génératrice d’orgasmes suprêmes, elle est désormais attendue comme une délivrance.
Le couple est ramené à son crime, par le fantôme du mari défunt. Les deux amants vivent dans la peur, se sentant constamment menacés par la nature qui n’oublie par leur crime et semble les guider irrémédiablement vers l'enfer.
Primé à Cannes en 1978 pour sa mise en scène, L’Empire de la passion est un œuvre poétique et sombre, mêlant réel et surnaturel. La caméra d’Ôshima insère l’imaginaire dans la réalité et lie l’homme aux éléments, la vie à la mort.
« Après L’Empire des sens, voilà L’Empire de la passion, et le paroxysme d’amour cruel que nous montre ici Ôshima est d’une beauté si aveuglante et d’un art si raffiné qu’à moins de fermer les yeux pour en refuser la vision admirable, personne je crois, n’échappera à une sorte de complicité avec les acteurs d’un crime qui, paraît-il, appartient à l’histoire du vieux Japon. » (André Pieyre de Mandiargues).
L’Empire de la passion (Ai no bôrei)
Japon, France, 1978, 1h48, couleurs (Eastmancolor), format 1.66
Réalisation : Nagisa Ôshima
Scénario : Nagisa Ôshima, d’après Takashi Nagatsuka – Trois générations pour rendre une terre fertile d’Itoko Nakamura
Photo : Yoshio Miyajima
Musique : Tôru Takemitsu
Montage : Keiichi Uraoka
Décors : Jusho Toda
Costumes : Masahiro Katô
Production : Anatole Dauman, Argos Films, Ôshima Productions
Interprètes : Tatsuya Fuji (Toyoji), Kazuko Yoshiyuki (Seki), Takahiro Tamura (Gisaburo), Takuzô Kawatani (l’inspecteur Hotta), Akiko Koyama (la mère du propriétaire), Taiji Tonoyama (Toichiro, dit Tsun-To), Sumie Sasaki (Odame), Masami Hasegawa (Oshin),
Présentation au Festival de Cannes : 19 mai 1978
Sortie en France : 6 septembre 1978
Sortie au Japon : 28 octobre 1978
Ressortie par Tamasa Distribution en 2019
Restauration numérique.
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