L’Équipage

Portée une première fois à l’écran par Maurice Tourneur en 1928, la version muette du roman de Joseph Kessel avait connu un certain succès à sa sortie. Pour cette seconde adaptation, Joseph Kessel participe étroitement à l’écriture du scénario avec le réalisateur Anatole Litvak, auquel il se sent lié par leur commune origine russe.

Joseph Kessel a 25 ans, lorsqu'il publie, en 1923, L'Équipage, son deuxième roman, écrit en seulement trois semaines, et puisé dans ses souvenirs de pilote de guerre. Le livre est, comme le précise Yves Courrière dans sa biographie de l’écrivain, « un témoignage à peine romancé sur une période qui, pour Kessel, restait la plus belle, la plus pure de sa vie. Tant qu’il s’agit de l’expérience vécue, il ne se soucie pas d’inventer. Tout est vrai, personnages, silhouettes, couleurs, voix, décors, tels que la mémoire les a enregistrés. » (Joseph Kessel ou Sur la piste du lion, Plon). Le livre est un triomphe à sa sortie, François Mauriac écrit : « Quel émerveillement de me retrouver en plein drame humain, en pleine vérité ! »

Anatole Litvak, après trois réalisations en Allemagne, signe là son quatrième film français. Il fait appel à Annabella, qui, depuis 1926, avait tourné avec les plus grands, Gance, Grémillon, Clair, Fejos et Duvivier, pour tenir un rôle complexe qui fait d'elle le pivot d’un conflit dramatique. Mais également à Charles Vanel et Jean Murat ; ce dernier, aviateur pendant la guerre, trouve un rôle sur mesure. L’esprit d’équipe, qui a inspiré Kessel, transparaît dans l’interprétation. Et le sens du rythme de Litvak donne aux séquences aériennes une ampleur rare dans le cinéma français du temps.

Anatole Litvak émigrera aux États-Unis deux ans plus tard. Le premier film qu'il y réalisera sera The Woman I Love, remake de L’Équipage, qui permettra au public américain de découvrir l’œuvre de Kessel.

 « L’Équipage démontre avec éclat, une fois de plus, qu’on peut atteindre la perfection technique sans faire de concessions sur le chapitre psychologique, sans altérer les valeurs spirituelles de l’œuvre d’art. » (André Lang, Pour vous n°362, octobre 1935)