L'Introuvable rentre chez lui

En 1934, le cinéaste Woody S. Van Dyke, grand amateur d’histoires policières, réussit à persuader la MGM d’acheter les droits de The Thin Man, roman plein d’humour de l’écrivain Dashiell Hammett. Lors du travail d’adaptation, l’histoire policière passera au second plan : c’est bien le couple formé par le détective et sa femme qui sera la vedette, un couple aussi bien assorti étant fort rare à Hollywood. Ce sont William Powell et Myrna Loy qui camperont Nick Charles et son épouse Nora. Lui, élégant, flegmatique, et porté sur la bouteille. Elle, jolie, pétillante, riche, et toujours prête pour un Martini. Face au succès du film, l’histoire devient la série The Thin Man, qui comprendra, entre 1934 et 1947, six volets, dont Van Dyke réalisera les quatre premiers.

La mort du cinéaste en 1943, la guerre et l’engagement de Myrna Loy au sein de la Croix-Rouge qui suspend ses activités artistiques, retardent le cinquième volet.

Le film, initialement intitulé The Thin Man's Rival, est confié à Richard Thorpe. Le retour à l’écran du couple Charles est un événement. Le scénario, une intrigue inédite (seul le premier film est d'ailleurs fidèle au roman), est confié à Robert Riskin, scénariste habituel de Frank Capra. Fidèle à l’esprit de la série, L’Introuvable rentre chez lui mélange drame criminel et comédie. C'est un film élégant, grinçant, plein d’humour. Seule concession au rationnement en cours, Nick Charles a la main moins leste sur la bouteille…

À propos de Myrna Loy, Antoine Sire écrira : « Avec William Powell, elle fit davantage que constituer un grand couple de cinéma. Leurs relations, dans la série de comédies policières The Thin Man, servirent de modèle de complicité conjugale à des millions de ménages américains dans les années 1930. » Et d’ajouter qu’ils sont « un archétype crédible de couple uni et complice, utilisant l’ironie, l’alcool et l’aventure comme antidotes à la lassitude de la vie à deux, sous le regard de leur fox-terrier, Asta. » (Antoine Sire, Hollywood, la cité des femmes, Actes Sud/Institut Lumière)