Accusé (à tort) de fraude fiscale, Ingmar Bergman s’exile en Allemagne et tourne pour la première fois à l’étranger. Pour L’Œuf du serpent, il retrouve son chef opérateur, Sven Nykvist et pour leur huitième film ensemble, Liv Ullmann.
Le film est une production internationale, tournée en langue anglaise, avec une foule de figurants et un budget considérable qui permet de reconstituer le Berlin des années 1920. Pour cela, Bergman fait appel à Rolf Zehetbauer, lauréat d’un Oscar pour ses décors de Cabaret de Bob Fosse : celui-ci se surpasse, et reconstruit, d’après des dessins d’époque, un Berlin grandiose, qui servira ensuite pour le Berlin Alexanderplatz de R.W. Fassbinder.
La ville reconstituée de Bergman est un personnage à part entière, en proie à la misère, au désespoir, à la peur et à la haine antisémite, à l’aube du nazisme. « C’est comme un œuf de serpent. À travers la fine coquille, vous pouvez déjà nettement discerner le parfait reptile. » (Ingmar Bergman)
Mais le film va plus loin ; plus qu’une évocation du passé, c'est une réflexion sur la peur et sur l’avenir de la civilisation. Pour le cinéaste : « En fait, il s’agit de dire ce qui nous arrive, à nous, ici et maintenant, et qui pourrait nous advenir demain. Voilà le sujet du film ; c’est presque de la science-fiction. »
« Ce qui s’est produit en Allemagne durant la guerre aurait pu se produire n’importe où. Ça aurait pu être les Français, les Italiens ou les Suédois. L’écrivain Georg Büchner a dit quelque chose de merveilleux que je trouve très vrai : « Chaque homme est un abîme, on a le vertige quand on se penche dessus ». Je peux vous dire que partout dans le monde, je sens de l’angoisse chez les gens, je sens que nous sommes tous à la fin de quelque chose. » (Ingmar Bergman, cité par Paul Duncan et Bengt Wanselius, Les Archives d’Ingmar Bergman, Taschen)
L’Œuf du serpent (The Serpent's Egg)
République fédérale d'Allemagne, États-Unis, 1977, 2h00, couleurs (Eastmancolor), format 1.66
Réalisation & scénario : Ingmar Bergman
Photo : Sven Nykvist
Musique : Rolf A. Wilhelm
Montage : Jutta Hering
Décors : Rolf Zehetbauer
Costumes : Charlotte Flemming
Production : Horst Wendlandt, Dino De Laurentiis, Rialto Film, Bavaria Film, Zweites Deutsches Fernsehen
Interprètes : Liv Ullmann (Manuela Rosenberg), David Carradine (Abel Rosenberg), Gert Froebe (l'inspecteur Bauer), Heinz Bennent (Hans Vergerus), James Whitmore (le prêtre), Glynn Turman (Monroe), Georg Hartmann (Hollinger), Edith Heerdegen (Madame Holle), Fritz Strassner (le docteur Soltermann), Hans Quest (le docteur Silbermann), Paula Braend (Madame Hemse), Walter Schmidinger (Salomon), Lisi Mangold (Mikaela), Grischa Huber (Stella), Paul Bürks (l'artiste de cabaret), Emil Feist (Cupidon)
Avant-première à Stockholm : 26 octobre 1977
Sortie en République fédérale d'Allemagne : 28 octobre 1977
Sortie en France : 7 décembre 1977
Sortie aux États-Unis : 26 janvier 1978
A sa sortie le film était interdit aux moins de 12 ans
Restauration par Deluxe à la demande de la MGM.
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