La Bonne Année

Réunissant trois thèmes chers à Claude Lelouch – l’amour, l’action et l’amitié – La Bonne Année raconte l’histoire de deux truands, bons copains, qui, dans un hold-up, utiliseront les bonnes manières plutôt que l’explosif. Bonnes manières entre Simon, le truand viril, et Françoise, femme libre, raffinée et cultivée, dans une deuxième dimension de l’histoire.

Claude Lelouch avait beaucoup aimé la prestation de Françoise Fabian dans Ma nuit chez Maud d’Éric Rohmer (1969) et lui laisse, comme à son habitude et comme à l’ensemble des acteurs, une totale liberté. Ce qui n’est pas pour rien dans le charme qui se dégage du film : la virilité émouvante et surannée de Ventura, la délicatesse et la liberté de Françoise Fabian, la fidélité et l’amitié de Charles Gérard.

Dans le contexte de l’après-1968, les rapports entre les hommes et les femmes se redessinent, et le macho Simon (parfait Lino Ventura) entre dans un monde (et chez une femme) qui le fascine autant qu’il lui résiste. Pour le reste, c’est du pur Lelouch. À l’étranger, le cinéaste est très apprécié et on n’y comprend pas les mauvaises manières que lui fait la critique française. Car en France, c'est avant tout le public qui l’aime. Cette popularité lui fut toujours reprochée par des gens qui n’auront jamais réalisé des œuvres de la qualité de La Bonne Année, de L’aventure c’est l’aventure (1972) ou du Voyou (1970). Dans les années 1970, Claude Lelouch partageait avec Claude Sautet le même rejet critique. Sautet disait y être indifférent, Claude Lelouch l’évoque et s’en moque. Clin d’œil appuyé : lors du dîner auquel les deux truands se retrouvent invités le soir de Noël, l’un des hôtes fait remarquer à Simon : « Mais si vous ne lisez pas les critiques avant d’aller au cinéma, comment choisissez-vous vos films ? »