La Légende de la montagne

Seconde partie du diptyque coréen, tourné en même temps que Raining in the Mountain, La Légende de la montagne, dont le scénario, écrit par l’épouse de King Hu, est tiré d’une histoire de fantômes de la dynastie Song, est considéré comme l’ultime coup d’éclat du cinéaste.

À mi-chemin entre conte surnaturel et fable philosophique, cette fresque élégiaque est hors-norme. Certains reprocheront au film sa durée (plus de 3h), sa lenteur, son aspect contemplatif… King Hu, lui, offre une « expérience du temps ».

La nature omniprésente est grandiose, la lumière est fantastique, l’actrice Hsu Feng incarne magnifiquement l’esprit du Mal… Avec ce film spiritualiste et ésotérique, King Hu prouve à nouveau qu’il est le maître des couleurs et des images, et qu’il peut, chose rare, faire ressentir physiquement cette légende des âmes mortes de la montagne, ces forces invisibles mais infiniment puissantes.

« Empli de superbes paysages naturels méticuleusement cadrés et photographiés, La Légende de la montagne est un ravissement visuel (il a été tourné dans la campagne sud-coréenne). Un envoûtant attrait se dégage de nombre de ses panoramas, avec leurs couleurs variées, leur  végétation dense et leur brume blanche tournoyante, errante. Et alors que King Hu aime bouger sa caméra – elle balaie, descend en piqué et parfois se lance dans une presque course -, il aime aussi s’attarder sur des images comme pour encourager à en admirer l’harmonie.  On peut se perdre dans ces rêveries picturales en suivant du doigt les rayons perçant aux travers des arbres, illuminant tant les eaux sombres que la brume floutant la réalité. » (Manohla Dargis, The New York Times, 1^er février 2018)