Renoir trouve là une nouvelle occasion de filmer son épouse Catherine Hessling. MaisLa Petite Marchande d’allumettes marque pour le couple la fin d’un cycle qui avait débuté trois ans plus tôt avec La Fille de l’eau.
Fruit de sa passion pour Andersen, l’adaptation libre de Renoir fait la part belle à la fantaisie et au rêve, notamment grâce àl’édification de décors féeriques complexes.
Avec son coréalisateur Jean Tedesco, directeur du Vieux-Colombier– l’un des premiers cinémas d’avant-garde – Renoir s’installe dans le grenier du théâtre où il aménage un studio minuscule. Ce lieu confiné lui permet de réaliser un film avec trucages, de se livrer à des bricolages techniques, mais surtout d’employer la pellicule panchromatique, qui couvre toutes les couleurs du spectre, à une époque où les films étaient réalisés sur orthochromatique et ne permettaient pas de nuancer le rouge.
L'Américain Charles Raleigh, ancien chef opérateur de Mary Pickford et de Chaplin, travaille également sur le projet. « J’avais la chance d’avoir pour collaborateur quelqu’un qui avait été un des premiers à travailler dans un laboratoire, à Hollywood, tout au début, Raleigh. Cela a été le seul essai, dans ma vie, de travail véritablement artisanal, et fait par un groupe de techniciens que la question amusait. Nous étions très enthousiastes et très heureux. » (Jean Renoir, propos recueillis par Jacques Rivette et François Truffaut in Jean Renoir, entretiens et propos, Jean Narboni, Cahiers du cinéma)
Jean Renoir poursuit son œuvre, avec le désir de s’amuser, en faisant toujours appel à l’ingéniosité et à l'expérimentation des techniques les plus diverses.
« La curiosité émerveillée de Renoir pour les trucages ; le plaisir quasi sensuel que lui cause l’originalité de ces images féeriques sont la source de la poésie propre du film bien plus que le conte d’Andersen. Alors que l’on s’ingénie d’ordinaire à camoufler le trucage, à estomper sous le flou photographique l’imperfection des maquettes ou des maquillages, Renoir n’hésite pas au contraire à révéler par le gros plan et la netteté de l’image figurant sous le masque de carton du soldat de bois ou l’actrice qui joue les poupées de porcelaine. » (André Bazin, Jean Renoir, Éd. Ivrea)
La Petite Marchande d’allumettes
France, 1928, 39 min, noir et blanc, format 1.20
Réalisation : Jean Renoir, Jean Tedesco
Scénario : Jean Renoir d’après le conte éponyme d’Hans Christian Andersen
Photo : Jean Bachelet
Montage : Jean Renoir
Décors : Erik Aaes
Production : Jean Renoir, Jean Tedesco, Les Films Jean Renoir
Interprètes : Catherine Hessling (Karen, la petite marchande d'allumettes), Jean Storm (le jeune homme / le soldat), Amy Wells (la poupée mécanique), comtesse Tolstoï (la dame au chien), Madame Heuschling (une passante)
Sortie en France : 8 juin 1928
Ressortie par Tamasa Distribution en 2019.
Restaurations 4K par Studiocanal, avec le soutien du CNC. Les films restaurés seront montrés à la Cinémathèque Française et en édition vidéo disponible dans un nouveau coffret Renoir en exclusivité FNAC.
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