La Source des femmes

Après avoir filmé Israël dans Va, vis et deviens (2005) et la France dans Le Concert (2009), Radu Mihaileanu installe sa caméra au Maroc pour La Source des femmes. Interpellé par un fait divers similaire en Turquie, le cinéaste s’inspire également de Lysistrata d’Aristophane, l’histoire d’une femme qui, pour mettre fin à la guerre, engage avec ses compagnes une grève de l’amour.

À l'origine, Radu Mihaileanu souhaitait trouver une réalisatrice d’origine arabe pour réaliser le film. Faute de résultat, il se documente finalement lui-même auprès de spécialistes du monde arabe tels que Malek Chebel et Soumaya Naamane Guessous, et se rend dans des villages afin d’y rencontrer les femmes qui y vivent. Il décide de tourner le film en darija, l’arabe dialectal marocain.

Pour créer ses personnages, il s’inspire des habitantes du village où il a séjourné et imagine immédiatement Leïla Bekhti dans la peau de son héroïne. Elle a été agressée, et c’est elle qui se révoltera et déclenchera la grève, entourée de plusieurs femmes, notamment celle que l’on surnomme le Vieux Fusil, car ses paroles sont comme des balles. Cette veuve d’âge mur, qui n'a plus à subir leur domination, dénonce les hommes qui battent leurs femmes ou leur sont infidèles. Elle est campée par Biyouna, parfaite, alliant autorité naturelle, humour et ironie.

Mais les hommes ne sont pas pour autant diabolisés. Ce que souhaite montrer Radu Mihaileanu, c’est l’émancipation par le savoir, par l’apprentissage de la lecture et de l’écriture. La Source des femmes, belle lettre d’amour adressée aux femmes, fait écho au printemps arabe et montre que la parole féminine a apporté un nouveau souffle. « Ce film est un cri d’amour de certaines femmes qui disent aux hommes : "Aimez-nous et regardez-nous."  Car l’amour commence par le regard. » (Radu Mihaileanu)