Comment le mariage peut-il transformer une douce jeune fille ingénue en une femme dure et cynique ? Pourtant, la promesse était belle, pour Bébé, d’une vie heureuse et épanouie, auprès d’un homme séduisant, dans une situation confortable. Mais c’était sans compter sur l’égoïsme de François, célibataire endurci, homme à femmes et machiste invétéré. Le bonheur conjugal dont rêvait Bébé étant inatteignable, Bébé empoisonne son époux.
Adaptation d'un des romans les plus forts de Simenon, La Vérité sur Bébé Donge est un film très sombre sur la déliquescence des sentiments, construit, de façon originale, sur des flashbacks, sans que le film précise à qui ces souvenirs appartiennent.
Le casting du film est impressionnant, le moindre second rôle étant campé par un comédien chevronné. Mais c’est le duo Gabin / Darrieux qui impressionne. Jean Gabin, après son passage par les États-Unis et les Forces françaises libres, n’est plus le même qu’avant-guerre. Decoin lui offre ici le rôle d’un homme mûr, loin d’être un héros aimable, un rôle déjà endossé par le comédien dans sa seconde partie de carrière (La Marie du port de Marcel Carnéou La nuit est mon royaume de Georges Lacombe).Quant à Danielle Darrieux, cela faisait longtemps qu’elle attendait un grand rôle dramatique. Son ex-mari lui offre ici un personnage à la hauteur de son talent, celui d'une femme déçue et trahie, éprise d’absolu, dans un film teinté de féminisme. Le public de l’époque est désarçonné. Le succès du film est simplement honorable.
Pourtant, « le cinéma de Decoin a atteint son point de non-retour, sur la base d’un paradoxe : au brio faussement désinvolte des comédies romantiques des années quarante, le réalisateur a substitué la sérénité amère d’une méditation désabusée sur l’Amour. Aux jeunes vierges vaguement effarouchées de Battement de cœur ou de Premier rendez-vous a fait place Bébé, Antigone de province, dans la tragédie noire du délitement de l’existence. Non seulement Decoin n’est plus là où on l’attendait, mais il signe, dans ce nouveau et dangereux territoire, un grand film. » (Yves Desrichard, Henri Decoin, Bibliothèque du Film/Durante)
La Vérité sur Bébé Donge
France, 1952, 1h53, noir et blanc, format 1.37
Réalisation : Henri Decoin
Scénario & dialogues : Maurice Aubergé, d’après le roman éponyme de Georges Simenon
Photo : Léonce-Henri Burel
Montage : Annick Millet
Musique : Jean-Jacques Grünenwald
Décors : Jean Douarinou
Costumes : Pierre Balmain
Production : André Halley des Fontaines, Union Générale Cinématographique
Interprètes : Danielle Darrieux (Élisabeth Donge, dite Bébé), Jean Gabin (François Donge), Jacques Castelot (le docteur Jalabert), Daniel Lecourtois (Georges Donge), Madeleine Lambert (Madame d'Onneville), Juliette Faber (l'infirmière), Jacqueline Porel (Françoise), Gaby Bruyère (la fille dans le taxi), Meg Lemonnier (la secrétaire), Alinda Kristensen (Madame Flament), Marcel André (le juge d'instruction), Claude Génia (Jeanne), Gabrielle Dorziat (Madame d'Ortemont)
Sortie en France : 13 février 1952
Restaurations 2K financées par GAUMONT avec le soutien du CNC – Laboratoires Éclair pour l’image – Le Diapason pour le son.
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