Le Destin

En réponse à l’interdiction en Égypte de son film L’Émigré (1995), dans lequel il avait mis en scène un prophète, Youssef Chahine réalise Le Destin, un film sur l’Islam de la tolérance. Le film, tourné en Syrie et au Liban, recrée l’atmosphère de l’Andalousie médiévale.

Pour écrire son scénario, Chahine reprend l’œuvre d’Averroès, dont les écrits furent interdits, avant d’influencer la pensée philosophique, orientale comme occidentale. Le cinéaste décrit en creux le combat qu’il mène contre l’intolérance et l’intégrisme. Un combat contre l’obscurantisme également, aux résonances contemporaines, bien plus larges que dans le seul monde islamique.

« Quand j’ai voulu faire ce film, j’ai relu Dumas et j’ai trouvé que Dumas racontait excessivement bien, avec beaucoup de divertissement, un sujet très sérieux. » (Youssef Chahine) Le cinéaste mêle ainsi dans son film scènes d’action et scènes de danses. Les femmes y sont belles et fortes, le rythme est d’une grande vivacité. Et s’il montre, à travers la danse, l’expression même de la vie, Chahine n’en n’oublie pas pour autant de dénoncer le pouvoir et ses dérives.

Le film s’adresse à tous, et notamment à l’Occident. Le Destin lutte contre toute forme de fondamentalisme religieux, qu’il soit chrétien, musulman ou juif. En témoigne la dernière parole prononcée : « La pensée a des ailes. Nul ne peut arrêter son envol. »

« S’il n’y a pas de transparence, si vous pratiquez trop la politesse victorienne, si vous êtes hypocrite, il ne faut pas être cinéaste. Il est de la responsabilité du cinéaste de travailler avec la vérité et de la montrer à tous. Et ce processus commence avec sa propre vérité. » (Youssef Chahine in Les Leçons de cinéma, Festival de Cannes/Panama)