Le Hussard sur le toit

Roman à l'adaptation longtemps désirée, notamment par René Clément ou Luis Buñuel, Le Hussard sur le toit,  voit le jour au cinéma en 1995, cent ans après la naissance de son auteur Jean Giono, grâce à Jean-Paul Rappeneau.

Amateur passionné du livre, Rappeneau est à la fois attiré et effrayé à l’idée de mettre en scène une œuvre aussi vaste, difficilement transposable. Il garde en tête depuis longtemps une scène clé du roman, la rencontre entre Angelo et Pauline « Quand j’ai commencé à faire des films, souvent revenait l’idée qu’il me faudrait un jour… peut-être… filmer cette rencontre et le voyage de deux jeunes gens à travers la Provence envahie par le choléra. » En écrivant le scénario, le cinéaste s’appuie sur une lettre de Giono à ses amis lorsqu'il rédigeait son roman : « Ça part comme le tonnerre et ça devient un monstrueux roman picaresque, cocasse, tendre, ébouriffant et finalement grave. Ce que je m’amuse ! »

Rappeneau utilise les grands moyens pour reconstituer l’atmosphère du cycle du Hussard, avec le choléra et la Provence en personnages-clés. Trois ans de travail, soixante-dix mille kilomètres de repérages, cent-trente jours de tournage répartis sur dix départements, plus de cent décors, une équipe technique de cent personnes, mille costumes spécialement conçus : à sa sortie, le film est le plus cher de l'histoire du cinéma français.

Pour son auteur, c’est la peur qui tue, le choléra fait figure d’allégorie et c’est aussi la leçon du film. Mais malgré l’horreur et la mort, Le Hussard sur le toit est une épopée de la jeunesse. Pierre Citron, incontournable spécialiste de l’œuvre de Jean Giono, en fait une parfaite synthèse : « Un fond de ténèbres, celui d’une terrifiante épidémie à la surface de laquelle se développe la moisissure de la médiocrité, de la lâcheté et de la rapacité humaines, mais au-dessus de laquelle se détachent des protagonistes de lumière. »  (Giono, 1895-1970, Seuil)