Le Voleur de bicyclette est d’abord un roman, celui de Luigi Bartolini, que De Sica décide d’adapter. Pourtant, malgré le succès planétaire de Sciuscia en 1946, il ne trouve pas de producteur. « Un jour, Selznick m’a proposé des millions. Mais il posait une condition : que Cary Grant interprétât le rôle de l’ouvrier. J’ai refusé malgré tous ces dollars dont j’avais besoin. » Ce sont finalement trois amis, Me Graziadei et Me Bernardi, deux avocats, et le comte Cicogna, qui l’aident.
Pour des raisons économiques, De Sica cherche des acteurs non-professionnels : il découvre Lamberto Maggiorani (le père) dans une usine de Breda où il était tourneur, et Enzo Staiola (le fils) dans un camp de personnes déplacées à côté de Rome. Tous deux sont choisis, paraît-il, pour leur façon de marcher.
Le Voleur de bicyclette est davantage un film sur la solitude et la détresse du chômeur que sur le chômage lui-même. Chaque séquence documentaire – les grands ensembles, le mont-de-piété, la messe des pauvres, la diseuse de bonne aventure, la cellule du Parti, le marché aux puces, les logements misérables – participe à la mise en place active du drame : le personnage principal entre en résonance avec toute cette humanité, qu’elle soit indifférente ou hostile.
Le film sort en Italie, puis circule dans les festivals internationaux, où il obtient de nombreux prix. Mais en Italie, une presse indignée, niant sa valeur artistique, appelle au boycott et le dénonce comme véhiculant la propagande communiste. Pourtant, Le Voleur de bicyclette est apolitique : à travers l’errance d’un laissé-pour-compte, c’est un portrait juste et précis de l’Italie d’après-guerre. Et celui de toute l’humanité saisie par la détresse.
« Admirablement construit sur une durée qui court du vendredi au dimanche et qui intègre une précise description de la ville, la triste aventure de Ricci, l’ouvrier à qui on vole sa bicyclette et qui, privé de son outil de travail, finit par tenter à son tour de dérober un objet vital, vaut autant par l’expression d’un désespoir individuel que par la revendication collective du droit au travail » (Jean A. Gili, Le Cinéma italien, Éd. de La Martinière).
Le Voleur de bicyclette (Ladri di biciclette)
Italie, 1948, 1h28, noir et blanc, format 1.37
Réalisation : Vittorio De Sica
Scénario : Cesare Zavattini, Vittorio De Sica, Adolfo Franci, Suso Cecchi D’Amico, Gherardo Gherardi, Guerardo Guerrieri, Oreste Biancoli, d’après le roman éponyme de Luigi Bartolini
Photo : Carlo Montuori
Musique : Alessandro Cicognini
Montage : Eraldo Da Roma
Décors : Antonio Traverso
Production : Vittorio De Sica, Giuseppe Amato, Societa Produzioni de Sica.
Interprètes : Lamberto Maggiorani (Antonio Ricci), Enzo Staiola (Bruno Ricci), Lianella Carell (Maria Ricci), Gino Saltamerenda (Baiocco), Vittorio Antonucci (le voleur), Giulio Chiari (le mendiant), Elena Altieri (la femme charitable)
Sortie en Italie : 24 novembre 1948
Présentation au Festival de Locarno : juillet 1949
Sortie en France : 26 août 1949
Restauration au laboratoire L'Immagine Ritrovata.
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