En 1950, après avoir été chassé des États-Unis par le maccarthysme, Jules Dassin s’installe à Londres et tourne Les Forbans de la nuit.
Tiré du roman très noir de Gerald Kersh, Night and the City, Jules Dassin met en scène une ville : Londres. Après New York dans La Cité sans voiles (1948) et San Francisco dans Les Bas-fonds de Frisco (1949), le réalisateur s’appuie sur le décor réel d’une grande ville. Son œuvre, centrée sur trois axes, met en lumière le milieu social, la ville et le héros.
Pour rendre compte de ce Londres nocturne, Jules Dassin, comme il faisait aux États-Unis, tourne l’ensemble du film en extérieur et de nuit, afin d'offrir une forme de réalisme exact. « Le cinéma, au contact des artifices engendrés par le tournage en vase clos, s’est empâté, perdant déplorablement contact avec la réalité. […] Celle-ci demeure bien plus passionnante que la fiction : c’est une matière encore presque vierge… » (Jules Dassin)
Dans cette ville labyrinthique, se débat Harry Fabian, qui veut à tout prix être "quelqu’un". Reprenant la figure de l’homme traqué – thème noir par excellence -, Dassin laisse peu de place au temps mort. Ce sont des tranches de vies juxtaposées, précipitées. Harry, incarné par Richard Widmark, n’a pas le temps de souffler. Ses traits se prêtent parfaitement à ceux de l’homme-enfant qui, pourchassé, ne parvient pas à faire sa place dans l'univers âpre décrit par Dassin, un univers où chaque individu est un loup pour l’autre.
Les Forbans de la nuit sera une source d’inspiration pour le contexte de Mean Streets de Martin Scorsese. Son héros, Charlie, est à l’image d’Harry, un homme qui passe la nuit à courir, paniqué, désespéré et dont le destin est déjà inscrit sur le visage.
« Night and the City restera le chef-d’œuvre de Dassin. Tout au long de ce poème visuel célébrant un Londres à la fois réaliste et onirique, Richard Widmark (dans son meilleur rôle) poursuit, haletant, la chimère de la réussite à travers d’extravagantes combinaisons qu’il finit par rendre convaincantes à force d’enthousiasme. » (Jean-Pierre Coursodon & Bertrand Tavernier, 50 ans de cinéma américain, Omnibus)
Les Forbans de la nuit (Night and the City)
Royaume-Uni, États-Unis, 1950, 1h41, noir et blanc, format 1.37
Réalisation : Jules Dassin
Scénario : Jo Eisinger, d’après le roman éponyme de Gerald Kersh
Photo : Max Greene
Musique : Benjamin Frankel, Franz Waxman
Montage : Nick DeMaggio, Sidney Stone
Décors : C.P. Norman
Costumes : Oleg Cassini, Margaret Furse
Production : Samuel G. Engel, Twentieth Century Productions
Interprètes : Richard Widmark (Harry Fabian), Gene Tierney (Mary Bristol), Hugh Marlowe (Adam Dunn), Googie Withers (Helen Nosseross), Francis L. Sullivan (Phil Nosseross), Herbert Lom (Kristo), Stanislaus Zbyszko (Gregorius), Mike Mazurki (l'étrangleur), Charles Farrell (Mickey Beer), Ada Reeve (Molly), Ken Richmond (Nikolas), James Hayter (Figler), Tony Sympson (Cozen), Maureen Delaney (Anna O'Leary), Thomas Gallagher (Bagrag), Gibb McLaughlin (Googin), Aubrey Dexter (Fergus Chilk), Russell Westwood (Yosh)
Sortie aux États-Unis : 9 juin 1950
Sortie au Royaume-Uni : 15 juin 1950
Sortie en France : 29 décembre 1950
Restauration numérique.
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